vendredi 1 novembre 2013

Le jour où je parle grossesse.

Aujourd'hui, j'aborde un nouveau "thème" sur le blog, même si j'ai déjà évoqué ce sujet à différentes reprises ... 
Non pas que je sois enceinte, cela reste toujours prévu pour après le mariage, mais parce que parfois ... ben ça fait du bien d'en parler aussi  
Il y a quelques temps, je lisais un "hommage" aux personnes qui doivent passer par le processus PMA pour devenir parents, sur le blog d'une nouvelle copinaute, Luciole. Je l'ai trouvé très intéressant, et ça m'a donné envie de rebondir. 
J'ai de plus en plus l'impression que l'ombre de la PMA plane sur la plupart d'entre nous, les femmes de notre époque. Je me suis souvent posée la question du pourquoi ? Pourquoi avons-nous de plus en plus de mal à avoir des enfants de façon naturelle ? Est-ce à cause de notre mode de consommation ... [quand on lit que les jeunes filles de nos jours sont de plus en plus précoces, à cause de ce qui se trouve dans notre (mal)bouffe ... plus rien d'étonnant] ? Est-ce à cause des nouvelles technologies qui impactent sur la fertilité du couple ? Ou bien, aussi, est-ce une "mode" ? Tout comme je lisais dernièrement une enquête qui révèlait que de nombreux problèmes de thyroïde pouvaient être traités sans forcément être opérés, mais que étant devenue la maladie à la mode, les médecins se précipitent sur cette vague montante ... est-ce que la PMA ne serait pas aussi en train de devenir le parcours presque normal pour devenir parent ? Attention, je n'affirme rien, je m'interroge juste ... 
Et pourquoi cette question ? Parce qu'autour de moi, je vis entourée de personne qui, bien pensantes, ne peuvent s'empêcher de freiner l'enthousiasme des couples qui veulent devenir parents ! "Attention, on tombe pas enceinte comme ça, du premier coup", "Tu vas voir, tu vas mettre plusieurs mois, même des années comme tu as pris la pilule", "Oh tu sais, maintenant, tout le monde passe par la PMA à un moment ou à un autre" ... Et j'en passe ! Et je ne parle pas des personnes supersticieuses pour qui le simple fait de penser à notre futur bébé ... que ce soit en pensant à des prénoms, en réfléchissant au parrain et à la marraine que nous voudrions pour notre premier enfant, ou en récupérant une ou deux affaires de bébé qui trainaient par là ... t'annonce d'office que tu vas galérer pour avoir ton bébé. 
Ce à quoi, personnellement, j'ai envie de répondre que rien n'est hasard dans la vie, et que ce qui doit arriver, arrivera. Je n'ai pas besoin d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de moi en permanence. J'ai la "chance", si on peut appeler ça une chance, d'avoir vécu une situation atypique, qui aujourd'hui m'a fait prendre beaucoup de recul sur la vie en général, et sur le mystère de la vie en particulier. 
Quand j'ai appris que je faisais une grossesse molaire totale, c'est à dire que les cellules du placenta s'étant tellement multipliées, que l'embryon n'était pas viable, je me suis dis que c'était un signe de la nature qui me faisait comprendre que ce n'était pas le bon moment, pas la bonne personne, etc. Je me serai bien contenté de cette étape, à savoir une intervention pour interrompre cette grossesse, et passer à autre chose. Or, j'ai eu la "chance" d'être à nouveau un cas rare quand cette grossesse molaire s'est transformée en tumeur trophoblastique. Ouch. Apprendre à 22 ans, alors que tu es seule (heureusement, de précieuses amies à mes côtés), que tu vas te taper plusieurs mois de chimio ... ça met tout de suite dans l'ambiance. Et là, tu relativises, en blaguant avec les internes, que "tu étais déjà la grossesse molaire sur 2000 en France, mais que maintenant tu es le cas de tumeur trophoblastique sur 10 000 en France" ! Le traitement se passe, alors que je me disais que jamais je ne supporterais d'être malade. C'est un peu comme toutes ces femmes qui entrent dans le processus PMA et qui se disaient qu'elles ne supporteraient jamais  tout ça ... mais qui le supporte, parce que l'espoir est au bout, à portée de main ... pour elles, celui d'avoir un bébé prochainement, pour moi, celui de guérir pour espérer un jour pouvoir en avoir un. 
Je te passe les détails de la suite, où en plus de ma chimio, j'ai eu des complications (péricardites liées au traitement ... 1 seul cas recensé dans le monde, nous sommes maintenant 2, youhouuuu, je fais partie de l'histoire de la médecine), ainsi que de l'histoire où on m'a découvert un syndrôme très rare, tellement rare que ça touche une personne sur 60 000 000, notamment les femmes de plus de 50 ans (à 22 ans, tu apprécies la nouvelle ...). 
Reparlons grossesse. 
Reparlons de cette sentence qui semble s'être abattue contre nous, les femmes : celle de ne pas pouvoir enfanter naturellement. 
Ce discours devient tellement présent au quotidien, qu'il en devient culpabilisant pour celles qui arrivent à avoir un bébé "du premier coup", ou du moins, dans un délais raisonnable et sans artifices. Devrait-on se cacher de notre joie que de devenir mère ? Comme je l'ai expliqué à une copine, tombée enceinte peu de temps après ma grossesse molaire, et qui n'osait pas me l'annoncer : dois-tu arrêter de vivre quand tu apprends qu'une personne est condamnée ? Dois-tu culpabiliser face à une personne atteinte du cancer ? Non. Car malheureusement, la santé, bonne ou mauvaise, c'est un peu comme la loterie. Ca touche tout le monde, les riches, les pauvres, les jeunes, les vieux. Personne n'a souhaité avoir un cancer, tout comme personne n'a souhaité mettre plus de deux ans à tomber enceinte. A l'inverse, une personne en bonne santé n'a rien fait ... elle a de la chance, c'est tout. 
Alors oui, je me suis réjouie pour cette personne. je l'ai félicité et j'ai suivi sa grossesse avec bienveillance, en tant qu'amie. Parce qu'en tant qu'amie, je ne peux que lui souhaiter d'être heureuse. Bien sûr, j'ai eu parfois des pincements au coeur, mais à quoi bon faire culpabiliser l'autre, qui n'y est pour rien ? 
A l'inverse, c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai soutenu, comme je l'ai pu, avec ma maladresse, avec ma pudeur, les amies pour qui avoir un bébé n'a pas été ou n'est toujours pas, un long fleuve tranquille. 
Et aujourd'hui, quand j'entends toutes ces femmes bien pensantes, me rabacher les oreilles comme quoi, il ne faut pas que je me fasse d'illusion, je vais galérer pour tomber enceinte, même si parfois j'ai envie de leur dire merde, que j'ai envie de leur dire que je n'ai pas besoin d'elles pour psychoter plus que de raison, je préfère me taire, leur sourire et les laisser dans leur délire. 
Le jour où j'arrêterai ma pilule, se passera ce qui doit se passer. Bien sûr, j'espère ne pas attendre trop longtemps, juste ce qu'il faut pour vivre les quelques cycles d'excitation à l'idée de devenir mère ... D'ici là, j'aurai évacué mes pensées négatives à l'idée de refaire une grossesse molaire, de revivre la douleur psychique et les longs mois de chimio. Parce qu'une chose est sûre, positiver, si cela ne fait pas tout, fait toutefois beaucoup. 
A toutes les femmes en attente ... que ce soit d'un jour, d'un cycle ou d'un an ... n'écoutez pas les parasites, focalisez-vous sur l'espoir ... et acceptez de devoir prendre du recul ... pour mieux avancer. A mes amies en attente, dans l'espoir ... que le rêve devienne réalité ...
 
 
    

6 commentaires:

  1. Quand on tient son petit bonheur dans les bras on n' oublie pas l'attente mais on la relativise. Je te souhaite cette joie quand tu l' auras décidé.

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  2. Quelle leçon!
    Chapeau pour ta philosophie !

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  3. je ne sais que dire à ton article... en fait chacun à son histoire et donc chacun réagira différemment à une situation donnée...
    en tout cas, t'as dû tirer le numéro plus que gagnant pour faire tous ces trucs rares... pas une fois mais plusieurs fois, incroyable comme la nature ne répartit pas tout de la même manière....

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  4. Comme tu as raison de ne pas écouter toutes ces remarques puériles... Généralement, ces personnes ne pensent pas à mal et ne se rendent pas bien compte de la portée de leurs propos, mais c'est vrai que l'idée de leur fermer le clapet serait tentante! Mon homme a souhaité fonder une famille bien avant que l'idée m'ait effleuré l'esprit, je l'ai fait patienter plusieurs années avant de me sentir prête. Lorsque j'ai arrêté la pillule, j'étais vraiment en désir d'enfant donc très impatiente. J'ai mis 2 ans à tomber enceinte. Une cousine de mon mari a arrêté la pillule en même temps que moi, guère prête à avoir un bébé rapidement et très persuadée que cela prendrait du temps... Elle est tombée enceinte 15 jours après, elle a été très angoissée au départ! La vie est ainsi faite, nous ne décidons pas, comme tu l'évoques avec justesse pour la maladie, c'est une loterie. Lorsque nos bébés sont nés (nous avons eu des jumeaux), mon mari m'a félicitée de l'avoir fait un peu attendre finalement car notre vie sociale a été entre parenthèse pendant plusieurs mois et nos débuts de parents difficiles, finalement, nous avons pu profiter de notre jeunesse et de cette douce liberté avant cette étape qui a transformée et embellie nos vies. Nous sommes d'heureux parents, sans regrets ni frustration. Après tout ce que tu as traversé, je te souhaite le meilleur et que la roulette russe de l'enfantement vous soit favorable...

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  5. Dans ce domaine là il n'y a pas de règle. Pour ma part, mon fils est venu très vite, au contraire j'ai mis 2 ans et une Geu en prime pour avoir ma fille. Une chose est sûre, c'est bien qu'il existe des solutions alternatives pour avoir des enfants et de ne pas laisser sur le carreau des personnes desireuses d'être des parents.
    En ce qui te concerne, n'oublie pas que tu vas avoir 4 babychoux ;-) biz et bon dimanche

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  6. Merci pour le partage;
    En effet la grossesse molaire est une maladie assez rare, et dans de rare cas malheureusement ça se transforme en tumeur, mais dans la plus part des cas elle se traite bien et le taux de guérison est de 100%. pour en savoir plus il ce site dédier aux http://www.grossessemolaire.com

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