mardi 1 juillet 2014

Le jour où j'ai flippé.

Vous le savez maintenant, je bosse en tant qu’assistante sociale dans un grand centre hospitalier et dans le centre de référence des maladies hématologiques de France. L’hémato, qu’est-ce que c’est ? Et bien ce sont toutes ces maladies vicieuses, les maladies du sang … Et qui franchement ne sont pas belles à voir et donnent peu d’espoir. Car en hémato, on ne parle pas de guérison mais de rémission … on a toujours l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête, et ça fait flipper je trouve.
Comble du hasard, il s’avère que je bosse auprès du Professeur qui a supervisé ma chimiothérapie quand j’ai eu ma tumeur trophoblastique, ainsi que celui qui effectue des recherches sur cette maladie – entre autre -. Un peu une revanche sur la vie j’ai envie de dire. Alors certes, je n’ai jamais été malade au même point que les patients dont je m’occupe, mais j’ai quand même connu 6 mois de chimiothérapie, de fatigue, d’effets secondaires pas très agréables, de complication … Alors je dois dire que je les comprends, mes patients.
Surtout les jeunes. Putain, en ce moment, j’ai beaucoup de jeunes, des 18-25 à qui on découvre une belle merde de maladie de Hodgkin ! Bordel, pourquoi ça ne peut pas toujours que les papys de 95 ans et les salauds, cette maladie ? Pourquoi je suis obligée d’aller voir une mère de famille de 40 ans, 4 enfants dont deux en bas âge, qui va mourir d’ici la fin de l’année et qui me demande d’organiser son mariage en urgence à l’hôpital ? Pourquoi je suis obligée de suivre une petite jeune d’à peine 18 ans, qui n’a pas pu passer son bac cette année car elle s’est retrouvée en chambre stérile pour tenter de vaincre une leucémie ? Pourquoi je suis obligée de dire à un jeune de 22 ans que le traitement qu’il subit risque de le rendre stérile et que s’il le souhaite, il peut mettre du sperme de côté … Ouais, parfois, j’en ai marre de baigner dans l’univers de la maladie. Et en même temps, je me sens tellement utile, que j’ai envie d’être à leurs côtés pour faire en sorte que la maladie soit moins un fardeau. Leur enlever une petite épine du pied pour qu’ils puissent entrer à 100% dans le traitement et donc dans la chance d’être en rémission complète.
Bref, tout ça pour dire qu’en ce moment, mon job me travaille beaucoup. Tellement, que cela fait deux nuits que je rêve, ou cauchemarde – et en même temps ça ne ressemble pas à un cauchemar – que je suis la patiente, que j’ai ou ai eu une leucémie, un lymphome … et qu’on m’en soigne. Alors certes, je n’en meurs pas, mais quand même ça fait flipper.
Moi qui crois beaucoup aux rêves prémonitoires pour en avoir déjà fait, ou du moins cru en faire … que penser de tout ça ? Vais-je aller voir mon médecin traitant pour qu’il me prescrive une batterie d’examen juste pour être sûre que tout ça ne s’est joué que dans mon inconscient, la nuit. Non, je suis bien évidemment trop douillette et trop flippée pour faire le moindre examen. Surtout que quand on cherche, on finit toujours par trouver. Et moi, c’est le bonheur que j’ai trouvé !
Alors, au diable les prémonitions, je vais juste essayer de prendre du recul face à tout ça, profiter d’un jour ou deux de congés pour me déconnecter du boulot, des lymphomes, des myélomes, des leucémies, et vivre un peu au pays des Bisounours, où la maladie et la mort ne te guettent pas à chaque pas que tu fais !
 
 

7 commentaires:

  1. pas facile de bosser en milieu hospitalier!...j'ai travaillé 15 ans en cancéro et si je n'ai quasiment vu défiler que des dossiers (j'étais physicienne) ce n'est pas facile qd on voit les âges des personnes. Bon la maladie de Hodgkin se soigne très bien, mais cela reste des traitement lourds et traumatisants! et puis il y a comme toi le contacte avec la personne (et tous les pb ) et la j'avoue que j'aurais eu du mal à assumer!

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  2. c'est vrai que travailler dans ce genre de contexte ça ne doit pas être facile...

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  3. Comme je te comprends. Prendre du recul n'est pas facile. Moi, le soir, quand j'enlève ma blouse et que je l'accroche dans mon placard, je me persuade que je laisse aussi dans mon placard tous les problèmes de boulot. J'essaye en tout cas, mais c'est difficile de ne pas en parler à la maison...

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  4. J'imagine qu'il doit être bien difficile de laisser tout ça derrière toi chaque soir... Cette pause tombe à point nommé, repose-toi bien et replonge toi vite dans les petits et grands bonheurs de ta vie pour te requinquer... Bon courage!

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  5. Je pense que toutes les personnes qui travaillent à l'hôpital ont un jour ce "symptôme"...c'est inévitable, après, quand tu es maman , tu as toujours peur que cela touche tes enfants....il faut malgré tout continuer à vivre normalement pour continuer à aider les autres, c'est notre boulot !!
    Bon courage!
    Je ne reçois plus de notifications de ton blog, je vais donc me ré-inscrire!
    J'ai lu ton article su ton envie d'écrire un roman, vas-y , fonce !!!
    Bisous.

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  6. C'est difficile de laisser son boulot derrière soit en rentrant le soir, surtout lorsqu'on est en contact avec des personnes.

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  7. alors?????????????????? les nouvelles !!!!!!!!!!
    on est en aout, ce qui veut dire mariage!! chaque samedi je vais penser à toi jusqu'à avoir de tes nouvelles !!!

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