Vous le savez maintenant, je bosse en tant qu’assistante
sociale dans un grand centre hospitalier et dans le centre de référence des
maladies hématologiques de France. L’hémato, qu’est-ce que c’est ? Et bien
ce sont toutes ces maladies vicieuses, les maladies du sang … Et qui
franchement ne sont pas belles à voir et donnent peu d’espoir. Car en hémato,
on ne parle pas de guérison mais de rémission … on a toujours l’épée de
Damoclès au-dessus de sa tête, et ça fait flipper je trouve.
Comble du hasard, il s’avère que je bosse auprès du
Professeur qui a supervisé ma chimiothérapie quand j’ai eu ma tumeur
trophoblastique, ainsi que celui qui effectue des recherches sur cette maladie
– entre autre -. Un peu une revanche sur la vie j’ai envie de dire. Alors certes,
je n’ai jamais été malade au même point que les patients dont je m’occupe, mais
j’ai quand même connu 6 mois de chimiothérapie, de fatigue, d’effets
secondaires pas très agréables, de complication … Alors je dois dire que je les
comprends, mes patients.
Surtout les jeunes. Putain, en ce moment, j’ai beaucoup de
jeunes, des 18-25 à qui on découvre une belle merde de maladie de
Hodgkin ! Bordel, pourquoi ça ne peut pas toujours que les papys de 95 ans
et les salauds, cette maladie ? Pourquoi je suis obligée d’aller voir une
mère de famille de 40 ans, 4 enfants dont deux en bas âge, qui va mourir d’ici
la fin de l’année et qui me demande d’organiser son mariage en urgence à
l’hôpital ? Pourquoi je suis obligée de suivre une petite jeune d’à peine
18 ans, qui n’a pas pu passer son bac cette année car elle s’est retrouvée en
chambre stérile pour tenter de vaincre une leucémie ? Pourquoi je suis
obligée de dire à un jeune de 22 ans que le traitement qu’il subit risque de le
rendre stérile et que s’il le souhaite, il peut mettre du sperme de côté …
Ouais, parfois, j’en ai marre de baigner dans l’univers de la maladie. Et en
même temps, je me sens tellement utile, que j’ai envie d’être à leurs côtés
pour faire en sorte que la maladie soit moins un fardeau. Leur enlever une
petite épine du pied pour qu’ils puissent entrer à 100% dans le traitement et
donc dans la chance d’être en rémission complète.
Bref, tout ça pour dire qu’en ce moment, mon job me
travaille beaucoup. Tellement, que cela fait deux nuits que je rêve, ou
cauchemarde – et en même temps ça ne ressemble pas à un cauchemar – que je suis
la patiente, que j’ai ou ai eu une leucémie, un lymphome … et qu’on m’en
soigne. Alors certes, je n’en meurs pas, mais quand même ça fait flipper.
Moi qui crois beaucoup aux rêves prémonitoires pour en avoir
déjà fait, ou du moins cru en faire … que penser de tout ça ? Vais-je
aller voir mon médecin traitant pour qu’il me prescrive une batterie d’examen
juste pour être sûre que tout ça ne s’est joué que dans mon inconscient, la
nuit. Non, je suis bien évidemment trop douillette et trop flippée pour faire
le moindre examen. Surtout que quand on cherche, on finit toujours par trouver.
Et moi, c’est le bonheur que j’ai trouvé !
Alors, au diable les prémonitions, je vais juste essayer de
prendre du recul face à tout ça, profiter d’un jour ou deux de congés pour me
déconnecter du boulot, des lymphomes, des myélomes, des leucémies, et vivre un
peu au pays des Bisounours, où la maladie et la mort ne te guettent pas à
chaque pas que tu fais !
pas facile de bosser en milieu hospitalier!...j'ai travaillé 15 ans en cancéro et si je n'ai quasiment vu défiler que des dossiers (j'étais physicienne) ce n'est pas facile qd on voit les âges des personnes. Bon la maladie de Hodgkin se soigne très bien, mais cela reste des traitement lourds et traumatisants! et puis il y a comme toi le contacte avec la personne (et tous les pb ) et la j'avoue que j'aurais eu du mal à assumer!
RépondreSupprimerc'est vrai que travailler dans ce genre de contexte ça ne doit pas être facile...
RépondreSupprimerComme je te comprends. Prendre du recul n'est pas facile. Moi, le soir, quand j'enlève ma blouse et que je l'accroche dans mon placard, je me persuade que je laisse aussi dans mon placard tous les problèmes de boulot. J'essaye en tout cas, mais c'est difficile de ne pas en parler à la maison...
RépondreSupprimerJ'imagine qu'il doit être bien difficile de laisser tout ça derrière toi chaque soir... Cette pause tombe à point nommé, repose-toi bien et replonge toi vite dans les petits et grands bonheurs de ta vie pour te requinquer... Bon courage!
RépondreSupprimerJe pense que toutes les personnes qui travaillent à l'hôpital ont un jour ce "symptôme"...c'est inévitable, après, quand tu es maman , tu as toujours peur que cela touche tes enfants....il faut malgré tout continuer à vivre normalement pour continuer à aider les autres, c'est notre boulot !!
RépondreSupprimerBon courage!
Je ne reçois plus de notifications de ton blog, je vais donc me ré-inscrire!
J'ai lu ton article su ton envie d'écrire un roman, vas-y , fonce !!!
Bisous.
C'est difficile de laisser son boulot derrière soit en rentrant le soir, surtout lorsqu'on est en contact avec des personnes.
RépondreSupprimeralors?????????????????? les nouvelles !!!!!!!!!!
RépondreSupprimeron est en aout, ce qui veut dire mariage!! chaque samedi je vais penser à toi jusqu'à avoir de tes nouvelles !!!