Le jour où le traitement ne fonctionne pas [si bien]

Quand nous avons démarré la PMA, après plusieurs mois d'attente, d'espoir et de désespoir, nous étions confiants. Docteur Mamour était confiant lui aussi. Nous nous sommes donc lancés dans l'aventure, car c'est une sacrée aventure. Sans broncher, je me suis levée encore plus tôt que d'habitude pour me rendre aux échos pelviennes matinales, très matinales. Sans oubli, j'ai pris mes petits comprimés tous les jours. Sans pleurer, j'ai laissé Charmante Compagnie me faire mes piqûres. La fatigue s'accumule. On dirait pas comme ça, mais je pense vraiment que les traitements jouent beaucoup. Y'a aussi les hormones, quelques peu chamboulées, qui nous jouent des tours, mais là aussi, j'ai joué le jeu et fais avec. On ne s'attendait pas que ça marche forcément rapidement, même si on espérait. Alors, il y a eu un brin, un gros brin de déception quand ça n'a pas fonctionné. Mais on est reparti de plus belle. C'est devenu une routine. Les échos matinales, l'arrivée tardive au travail, la prise du traitement ... 

Et puis, une plus grande déception arrive, celle de l'échec du traitement. 

Docteur Mamour l'avait évoqué avec nous dès le début, en nous expliquant qu'en cours de route, il pourrait être amené à modifier le traitement. Je l'avais écouté, mais sans plus, tellement confiante ... C'est une chute brutale que de découvrir, en cours de protocole, que ça ne fonctionne pas. Pas assez. Pas très bien. Pas du tout. Alors, sans rien dire, on encaisse, encore. On accepte de revenir, plus souvent, bien plus souvent, tous les 2 jours. Même pendant tes quelques jours de congé. Encore plus de piqûres, encore plus d'hormones et d'artifices. Docteur Mamour semble y croire, il insiste, il m'appelle le soir, après avoir reçu mes résultats sanguins quasi quotidiens, et il me dit quoi faire, quel dosage. A chaque fois que je raccroche, j'ai envie de tout envoyer bouler, de tout arrêter, pour ce cycle-ci. Mais je m'accroche, grâce à Charmante Compagnie, grâce à ce désir si profond. 

Et même si je dois l'avouer, certaines paroles, certaines personnes, me saoulent et ne font que m'énerver, je relativise et j'attends (im)patiemment que notre cadeau de Noël arrive. 

Je redoute bien entendu le jour où Docteur Mamour prendra son air un peu plus grave et nous dira qu'il faut passer à une prochaine étape. Et en attendant, je continue à serrer les dents à chaque fois que Charmante Compagnie me plante mon stylo dans le ventre ou dans la cuisse. C'est devenu notre nouveau rituel. On en rigole. On a déjà trouvé un surnom tout trouvé pour notre bébé in utero, pour le jour où il voudra bien s'implanter. Pour le moment, la PMA ne fait que renforcer notre complicité et notre amour. Même si, j'avoue, parfois, je crise. Parce que c'est plus lourd à supporter pour moi que pour lui, et que ça me rend folle ...