Quasiment 1 an jour pour jour après notre décision de
franchir la porte de la PMA, nous voici à nouveau face à un tournant dans notre
projet de parentalité. Dans notre infertilité.
Il y a eu la phase de démarrage, les examens de début
éprouvants, l’acceptation de ne pas réussir à concevoir cet enfant de manière
totalement naturelle, spontanée. Mais c’est finalement confiant qu’on s’est
lancé là-dedans. Certes, c’était déjà dur, moralement et physiquement, surtout
pour moi. La prise de médicament, les injections quotidiennes pendant la
première phase du cycle, le déclenchement de l’ovulation à une heure précise,
et donc, des câlins à une heure précise … A chaque fois, on le prenait à la
rigolade, on se donnait RDV pour concevoir notre bébé … Et puis les 14 jours ou
plus d’attente, derrière, à guetter le moindre signe, à analyser le plus petit
symptôme, à se provoquer des symptômes. Et toujours la même routine, le test
d’urine négatif, le second négatif, mais l’espoir, encore un peu, jusqu’à ce
qu’Elles* débarquent.
On a même été un peu foufous, on a fait une tentative de
plus que ce que le médecin avait prescrit. Et puis, il a voulu nous revoir.
Celui que j’appelle Docteur Mamour (bien qu’il n’ait rien du beau Dr Derek
Sheperd) a lâché le mot qui fait mal : insémination artificielle. Je
trouve ce terme tellement barbare. J’ai l’impression d’être une vache. Déjà que
je ressemble à une vache, que je prends du poids tous les jours, rien qu’en
regardant ma piqûre ou en ouvrant le frigo … Insémination artificielle. Et
pourtant, ça nous a soulagés. Parce qu’on s’est dit que là, maintenant, ça
allait vraiment marcher. En donnant un coup de pouce aux zozos un peu fainéants
de Charmante Compagnie, en les amenant jusqu’à la porte d’entrée, ils allaient
quand même pouvoir trouver leur chemin. Et puis, le protocole ne change pas
trop.
Et puis si, un peu quand même, car maintenant, Charmante Compagnie est
mis à contribution. Je dois avouer, sans trop de honte, que ça m’a fait
plaisir, et soulagée, de voir que lui aussi était désormais plus impliqué. Car
c’est pesant de porter tout toute seule. Ce n’est pas lui qui va faire une écho
vaginale tous les 4 matins. Ce n’est pas lui qui se fait piquer tous les soirs
– c’est même lui qui me pique d’ailleurs. C’est pas lui qu’on bourre d’hormones
au point qu’un jour, le médecin vous arrête pour 10 jours, histoire de vous
reposer car vous n’en pouvez plus. Alors savoir qu’une fois par cycle, il
allait devoir se lever tôt, aller au labo déposer sa « petite »
contribution … m’a ravie.
Malheureusement, les inséminations se sont enchaînées. Si
j’y ai cru très très très fort pour la première, je n’ai rien ressenti pour les
2 autres tentatives. Si ce n’est le jour J … un semblant d’espoir … je suis
même allée jusqu’à faire un test pipi, juste histoire de … mais à chaque fois,
Elles* ont débarqué. Encore. Encore et toujours. Je ne sais même plus/pas ce
que je ressens. J’ai l’impression de ne plus rien sentir, que je suis en mode
automatique.
C’est ce qu’il s’est passé lors de notre RDV avec le Dr
Mamour, pour faire un nouveau point, après ces fameux 3 échecs. L’écouter dire
que la PMA a réussi à me faire ovuler à chaque fois, mais que ça n’a pas
marché, car ça ne marche pas à chaque fois. L’écouter dire que la PMA a permis
de voir que Charmante Compagnie avait des zozos corrects et en nombre
suffisants. L’écouter dire qu’à ce stade, il y a deux options, celle de
poursuivre les IA – qu’il ne conseille pas, et celle de passer aux FIV. Et nous
entendre dire juste « ok ». Je n’ai même pas de question, j’ai le
regard vide et je sais qu’il le voit. Il me regarde et ne sait sûrement pas
quoi me dire. Il doit avoir l’habitude, je fais cette tête là depuis la 2ème
IA. Et à chaque fois, il me regarde avec son air insupportable de Dr Mamour.
Charmante Compagnie lui, pose une ou deux questions. Il acquiesce. Il semble concerné. Moi, je ne fais que suivre le mouvement. J’écoute machinalement le protocole que le Dr Mamour nous décrit. Je bouillonne et j’ai envie de lui exploser la tête. Les mots « anesthésie générale », « ponction », « développement des embryons », « congélation », « caryotype » se succèdent dans ma tête. Tout ce que je comprends, c’est que je vais encore en baver. En chier. C’est encore moi qui vais me taper les injections, les prises de sang, les actes opératoires. C’est encore moi qui vais être crevée au point de m’endormir au volant de ma voiture, les soirs en rentrant du taf. C’est encore moi qui vais souffrir. Physiquement, moralement, psychiquement profondément.
Charmante Compagnie aussi souffre. Il voit le temps qui
passe. 2 ans ½ qu’on essaye d’aboutir à ce projet. Il voit ses amis devenir
père. Il me confiera même commencer à avoir les boules en apprenant certaines
grossesses dans notre entourage. Ça me culpabilise encore plus. Je suis encore
plus malheureuse et je m’enfonce encore plus.
Entre ceux qui t’encouragent, ceux qui ne disent rien, ceux
qui semblent encore plus désolés que toi. Je suis fatiguée. J’ai à la fois ce
besoin d’en parler, et à la fois envie d’envoyer chier … ma mère. Je ne sais
pas pourquoi, mais c’est ma mère que j’ai envie d’envoyer chier. Bref, je vais
aller voir une psy. Avant le début des FIV. Pour être mieux, dans ma tête …
peut-être alors que j’irai mieux dans mon corps.
On est du coup en pause forcée. Le protocole ne débutera que
sur le cycle de septembre. J’ai l’impression d’être comme un gosse le jour de
la fin de l’école. Quasiment 2 mois de vacances. Adieu traitement, adieu
piqûres, du moins pour quelques semaines. Le 31 août, on aura notre pré-rentrée
… RDV solennelles avec l’anesthésiste, la coordinatrice des FIV, le biologiste
et le Dr Mamour. Tout ce petit monde rien que pour nous. Et ensuite, on entrera
dans la cour des grands. On sera des VIP. On les voit, les couples qui sont au
stade des FIV, ils sont bien plus choyés. Je pourrais à mon tour dévisager
toutes ces petites nouvelles et les plaindre, les plaindre d’avoir mis un pied
dans cette galère dont on ne semble pas s’en sortir (vivante). Ce sera un peu
comme une rentrée en Terminale … Ces 4 FIV seront notre dernière chance. C’est
à la fois excitant et terriblement angoissant. Comme je suis dans une mauvaise
phase, je pense forcément à l’angoisse avant tout. Je vois déjà la 4ème
FIV échouer, au lieu de penser à la 1ère qui pourrait marcher. Mais
je me blinde.
Et en ettendant, je suis en vacances. On va en profiter
encore plus. Faire tout ce qu’on se retenait de projeter, au cas où je sois
enceinte, au cas où bébé soit déjà là (c’te blague … dire que je n’ai pas fait
un cadeau à ma meilleure amie pour son anniversaire, pensant naïvement qu’en
mars 2017, je serai en train d’accoucher … bref). Cet été, on va faire tout ce
que j’ai envie de faire : arpenter les rues de Paris, s’éclater à Center
Parcs, retourner au Parc Astérix, partir à l’aventure … On ira à Touroparc et à
Peaugres. Et si le cœur nous en dit, sur un coup de tête, on se payera 2 jours
à Europapark. Parce que tout ça, ce sont des projets qu’on mettait entre
parenthèse, au cas où la vie aurait été si simple …
PS : c'est mon 200ème article !
Et quel 200è !!
RépondreSupprimerJe te félicite de t'être lâchée, d'avoir écrit toutes tes galères et celles de Charmante Compagnie (elles sont peut-être moindre que les tiennes mais je le crois aussi très touché par ce qui vous arrive)
Ma belle-fille et mon fils sont actuellement au stades des FIV, la seconde tentative faite en juin, a échoué (pour un 2è enfant - et c'est toujours aussi difficile -) il y a encore un espoir puisque pour notre petite fille qui va avoir 3 ans , c'est la 4è FIV qui a marché.
Courage à vous deux, il faut y croire, vous détendre, réaliser vos projets de l'été, lâcher prise...j'attends avec impatience le billet qui nous annoncera la bonne nouvelle...
Profitez bien de ces vacances et plein de bonnes ondes pour la suite <3
RépondreSupprimerquel courage!!
RépondreSupprimerje suis très émue par ton parcours, imagine très bien les difficultés et pourtant il faut garder espoir toujours, toujours!!
mille pensées positives en espérant te relire bientôt
Je suis très impressionnée par votre courage à tous les deux... Vraiment, je n'imagine même pas à quel point ce doit être difficile à vivre, je vous admire, et j'espère très fort que le protocole de FIV vous apportera le bonheur que vous attendez et méritez ^_^ !!
RépondreSupprimerProfitez bien de vos vacances pendant que nous croisons les doigts pour vous deux !
RépondreSupprimerReposes toi bien pendant ta période de repos :)
RépondreSupprimerEst-ce que tu connais le blog de Ingliche Titcheur? La galère, deux enfants par FIV, et un troisième en cadeau Bonux, la Nature enfin réveillée...
RépondreSupprimerProfitez bien de ces "vacances", vous n'en repartirez que mieux pour cette nouvelle aventure.
Plein de bisous Marine !!! Je ne sais pas ce que je pourrais dire pour vous remonter le moral, parce que je crois qu'on ne peut pas trop imaginer ce que c'est à vivre si on ne le vit pas....mais je croise les doigts de tout le monde à la maison pour que ça marche très vite pour vous ! Bon courage à toi surtout !!!
RépondreSupprimerJ'ai fait 2,5 ans d'essaies aussi. Infertilité inexpliquable concrètement. Chéri tout parfait. Moi plus de cycles après arrêt de la pilules. J'ai fait 2 insiminations sans succès et je suis passée directement à la FIV. Au final je préfère. Il y a plus de chance de succès. Et je me suis faite ponctionner qu'une fois (le reste au congélo). J'ai maintenant 3 filles: 3 FIV, 3 succés. Ce sera la même chose pour toi j'en suis sûre. Dis toi aussi que beaucoup passent par la PMA pour le 1er et ont le 2ème naturellement.
RépondreSupprimerQuel parcours ! Bientôt tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir, j'en suis sûre, cela ne peut être autrement. Je pense à toi souvent.
RépondreSupprimerTu as raison: profitez à fond!!!! Bon sang, vous avez le droit de VIVRE!!!! Éclatez-vous!Respire, décompresse, redécouvre et reconstruit une vraie relation de couple. Tu es une battante. Garde espoir, toujours! Courage! Ce parcours est terrible, mais toutes ces épreuves seront récompensées. Moi aussi, comme Vivi, j'en suis sûre!! Et peut-être même bien plus vite que tu ne le crois... Bisous
RépondreSupprimerAh, je viens de voir que tu n'as pas d'onglets "contact"... Comment fait-on pour t'écrire??? Peux-tu m'envoyer un petit mot par mail pour que je puisse te demander quelque chose...?? Mon adresse mail: reb.g@outlook.fr
RépondreSupprimerQue dire !!! Je pense très souvent à toi, j'attends avec une vive impatience le jour où tu m'enverras une lettre avec cette nouvelle !!! Il y a pas à "chier", moi je garde l'espoir pour toi !!! Je ne suis pas allée aussi loin dans ce parcours mais je peux très bien comprendre tout ce que tu écris ou pas... et tout ce que tu peux penser, ressentir.... Tu diras plus tard à ce bébé que tu l'as tant attendu! C'est ce que je dis à mon petit garçon parfois!
RépondreSupprimerJ ai ressenti la même chose vis a vis de ma mère... elle qui a eu 3 enfants " sans forcer".
RépondreSupprimerJ ai ressenti la même chose face aux medecins... ce mode "automatique"...c est tt à fait ça.
J pense super souvent à toi.
Courage courage, profitez des dernierd jrs de pause pr vs regonfler d energie de peps de espoir.
Bisous