Il y a quelques jours je t'ai exposé ma version positive du confinement. Aujourd'hui, je te présente le côté obscur de la force, à savoir les "Bad Trip" du confinement.
Bad Trip #1 : "les crèches [blablabla] vont fermer dès lundi 16 mars." J'étais dans ma voiture, je rentrais de chez ma belle-mère, j'écoutais le discours présidentiel, et j'ai hurlé. J'ai crié. J'ai pleuré. Le 16 mars était sensé être le premier jour de mon arrêt maladie dont ma sage-femme me rabâchait les oreilles depuis déjà la consultation du 3ème mois ... Alors imaginer avec l'Elu avec moi "pour une durée indéterminée", ce fut la goutte d'eau de trop dans le vase déjà trop plein de la femme enceinte que je suis. Et les débuts furent donc réellement difficiles. J'avais une colère en moi énorme, et ce malgré la présence et le soutien de Papa-refait, qui du coup a été lui aussi confiné suite à la seconde déclaration présidentielle. J'ai mal vécu de devoir gérer sans relais un petit tourbillon de 15 mois ... [Avant de relativiser et y voir le côté positif]
Lâcher prise ... Le laisser mettre tout en l'air, monter sur les tables ...
Bad Trip #2 : les effets du confinement sur le sommeil de l'Elu. On ne va pas se mentir, c'était pas non plus l'Eldorado avant le confinement, mais on arrivait à avoir un rythme pas trop mal que ce soit la nuit ou la journée pour les siestes. Le confinement a tout fichu par terre et ce fut difficile à vivre, surtout pour moi. J'ai mis du temps avant de lâcher prise et accepter cela. Aujourd'hui, après 6 semaines de confinement, il semblerait qu'un nouveau rythme ait été trouvé (et que les dents se soient de nouveau invitées, et ça, ça n'a rien à voir avec le confinement ... malheureusement).
Bad Trip #3 : l'absence de liens sociaux. Si personnellement je ne vis pas mal du tout le fait de ne plus pouvoir aller au cinéma, au resto ou à Disneyland Paris, il est beaucoup plus difficile à accepter et supporter l'isolement social auquel nous sommes confrontés. Ne plus voir nos familles et nos amis me pèse énormément, même si on multiplie les appels en visio (chose qu'on ne faisait jamais avant le confinement). Et au-delà de ma situation personnelle, je trouve également dramatique que des personnes meurent seules dans les hôpitaux (et pas uniquement les patients atteints du Covid19), que des femmes accouchent seules dans les maternités (même si désormais la plupart des maternités ont fini par mettre en place un protocole autorisant au moins la présence du père durant l'accouchement et les deux premières heures de vie), que des personnes âgées en EHPAD n'aient plus aucune visite... Bref, ce confinement m'a bien fait broyer du noir et mis les nerfs à cause de cela.
Bad Trip #4 : vivre ma nouvelle grossesse en mode confinement. Si en soit, il n'y a pas mort d'homme, j'ai mal vécu [et je t'expliquerai plus en détail pourquoi dans les articles dédiés à cette grossesse] de devoir me rendre seule à l'échographie du second trimestre. Là aussi, j'ai été envahie par un sentiment de colère, d'injustice etc.
Que c'est triste une salle d'attente de sage-femme vide et sans papa.
Bad Trip #5 : le rôle négatif et anxiogène des média. Nous n'avons pas la TV et heureusement, car la simple presse ainsi que les réseaux sociaux me suffisent. A quoi exactement ? A me plonger dans un état à la fois de révolte tant que je suis lassée de lire autant d'âneries, de "fake news", de suppositions saugrenues et d'anxiété à lire tout et n'importe quoi sur ce virus dont au final on ignore encore bien des aspects mais avec lequel nous allons devoir malgré tout vivre avec. Ne plus entendre parler que de ça, dans les média mais aussi autour de nous, par nos proches ... C'est pour moi trop anxiogène et ça a causé pas mal d'insomnies, même si je suis quelqu'un d'assez réaliste face à la situation, que je bosse depuis 7 ans en milieu hospitalier et que j'ai donc plus de recul ...
Bad Trip #6 : les conséquences directes et personnelles du confinement ... Nous avons été obligés d'annuler le baptême de l'Elu qui aurait du être une belle fête familiale et amicale lors du week-end de Pâques. Nous avions également 4 mariages de prévus cette année. Les 4 ont été reportés et sur les 4, il y en a 3 auxquels nous ne pourrons malheureusement pas assister à cause de nos contraintes personnelles. Nous devions voir l'arrière-grand-mère de l'Elu, venue de Corse, ainsi qu'une partie de la famille de Charmante Compagnie qui vit en Angleterre, bien évidemment tout a été annulé. Bref, tous ces petits et grands événements contrariés m'ont égoïstement foutu le bourdon, même si j'essaye malgré tout d'en retirer du positif [comme l'organisation du baptême de l'Elu et de Numérobis l'année prochaine, du coup].
Bad Trip #7 : la reconnaissance tardive de l'hôpital et des métiers sans qualification. J'aurai pu le mettre dans le positif, mais volontairement je le place ici, car ça m'a beaucoup énervée. Je travaille depuis 7 ans à l'hôpital. En 7 ans, j'ai vu le navire couler à plusieurs reprises et surtout j'ai fait partie, avec d'autres corps de métier, de la tentative coûte que coûte du sauvetage. Malgré cela, malgré nos efforts avec aucun ou si peu de moyen, les Soignants avec un grand S ont continué à être malmenés et traînés dans la boue, que ce soit par le gouvernement que les usagers des hôpitaux, ne nous leurrons pas. Et aujourd'hui, voir que le monde semble ouvrir les yeux sur le côté "héroïque" de l'hôpital ne me donne pas du tout envie d'applaudir tous les soirs à 20h ... Tout comme ça m'énerve de voir un gouvernement aujourd'hui remercie tout ce petit peuple, celui qui n'a pas fait d'études supérieures, qui n'a pas un compte en banque avec des tas de zéro mais qui aujourd'hui, à lui seul, fait vivre la France. Hier, humiliés, aujourd'hui, primés ... Mais ce qui m'angoisse, c'est de me dire que demain, ils seront à nouveau très vite oubliés. Voilà pourquoi je le mets dans cette partie, car je suis très pessimiste. Je ne crois pas malheureusement que cette crise sanitaire-économique-sociale fasse tant que ça évoluer notre société actuelle, dans le bon sens. Je crains que le retour à la "normale" ne fasse, au contraire, qu'accentuer encore et encore ce besoin de pouvoir, de contrôle et de richesse ... J'espère me tromper.
Il y aurait sûrement encore beaucoup à dire. D'ailleurs, même dans ma partie "kiff", j'ai oublié des choses. Mais à ce jour, c'est tout ce que j'arrive à écrire sur ce sujet. Et je vais essayer de voir le verre à moitié plein et préférer positiver, en me raccrochant à mes "kiff" mais surtout à l'espoir qui se profile... Celui de retrouver, petit à petit, une certaine liberté en retrouvant mes proches, tout en sachant que cette pandémie marquera fortement notre Histoire et donc aussi nos vies, mais que, justement, la vie continue et que nous devons donc la célébrer et faire en sorte que notre Planète respire enfin mieux ... comme elle semble si bien le faire depuis qu'une grosse partie de la population la plus pollueuse de la planète est confinée.
Je'ai souri en lisant vos "bad trip".Pensez bien que je comprends vos désarrois mais vous avez la chance d'être bulle, d'être lune, d'être porteuse du futur...
RépondreSupprimerA garder en mémoire quand le jour semble sombre... Courage, l'Elu grandira, le bébé bille aussi et vous irez bien. Prenez soin de vous;
Merci pour ce beau message positif !!!
SupprimerJe partage tout à fait ton ressenti. Je suis passée par la même période sombre, avec les mêmes pensées (sauf pour la grossesse et le fait de gérer un bou d'chou de 15 mois), sur le monde et la société. Une grosse déprime qui m'a bloquée dans toutes mes activités perso (notamment l'écriture). Comme toi, j'ai décidé d'aller de l'avant et de positiver et ça va mieux. Heureuse de voir que toi aussi tu remontes la pente. Je pense à toi et je te souhaite une excellente santé. Bisous.
RépondreSupprimerJe suis également heureuse d'avoir pu constater que tu as repris l'écriture ... Ces événements influent plus qu'on ne le croit sur nous !!!
SupprimerJe crois qu'on a tous au moins un point en commun avec toi dans le négatif de ce confinement... Perso j'ai plusieurs points avec toi...
RépondreSupprimerCelui que je mettrais en top c'est ce déchainement médiatique et sur les réseaux sociaux... je ne supportais plus d'en entendre parler alors on a éteins les radios, changer de chaine tv et zapper les publications anxiogènes de Facebook, c'était presque même vital!
Je trouve que l'épidémie médiatique est au final bien plus dangereuse et nocive sur le court/moyen/long terme que le virus lui-même ! Et ce qui me choque le plus, ce sont les parents qui ne protègent pas leurs enfants de ces RS et médias anxiogènes ... Les conséquences psy pour eux vont être terribles !
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