lundi 18 octobre 2021

Briser le tabou des 3 mois

Je n'ai jamais compris pourquoi ce tabou était si présent dans notre société. Celui de taire, de cacher, une grossesse avant minimum trois mois d'existence. J'ai pourtant moi-même baigné dans cette injonction de la société, entourée de femmes réduites au silence pendant les trois premiers mois d'une si grande et bouleversante aventure. Mais je n'ai jamais compris. 
Je me rappelle d'ailleurs du jour où j'ai appris  par ses beaux-parents, qu'une de nos amies avait fait une fausse-couche, quelques semaines plus tôt, mais qu'on devait faire comme si on ne le savait pas, car personne ne savait qu'elle était enceinte. J'ai trouvé cela si violent et triste. Non seulement cette grossesse était totalement cachée, mais en s'interrompant, c'était comme si elle n'avait jamais existé. Cette amie me parlera de cette grossesse interrompue précocement, des années plus tard, les larmes aux yeux et soulagée d'enfin évoquer à haute voix ce bébé qu'elle a espéré pendant plusieurs semaines et sa souffrance.

Credit photo : cocoparisienne


Alors pour ma part, quand est venue l'heure où nous avons souhaité devenir parents avec mon mari, nous avons pris le parti de ne pas nous laisser guider par cette injonction sociétale et de dire les choses comme on le ressentait. Ce choix, que nous avions donc fait consciemment, a pourtant été mis à rude épreuve, tant cette pression du tabou des 3 mois pesait autour de nous. 

A croire que si nous parlions de notre bonheur avant la fameuse échographie des 12 semaines, le ciel allait nous tomber sur la tête. Comme si dévoiler une grossesse précoce portait malheur au même titre que de voir la mariée avant le mariage. Et surtout, comme s'il était interdit de se réjouir d'une grossesse avant la fin du premier trimestre, sous peine de sanction de fausse-couche immédiate (ou autre malheur associé). Oui, dire qu'on est enceinte de 3, 4, 6, 8 ou 10 semaines est encore très mal vu et vécu dans notre société. 
Malgré cette pression ressentie, j'ai toujours annoncé mes grossesses au moment où je voulais l'annoncer et surtout à ceux à qui je voulais l'annoncer. Et pas par superstition. Mais par affinité. Par envie. 




Credit Photo : photo personnelle par Stéphanie Passion Photos

L'envie de se confier à ses meilleur.e.s ami.e.s, à ses parents. L'envie de faire une jolie annonce générale, originale, grandiose, inoubliable. Et puis, par besoin. Auprès de ses collègues, car il est difficile de cacher des nausées, de la fatigue et autres joyeusetés des premières semaines de la grossesse. Ou auprès de sa hiérarchie, pour préparer son absence temporaire. 

Et nous nous sommes réjouis. Après chaque test positif, nous nous sommes réjouis. Nos deux premières grossesses issues de nos FIV nous ont toutes les deux projetés 9 mois plus tard, parents de ce minuscule embryon devenu alors grand. A aucun moment je ne me suis interdite de me réjouir et de penser à cet embryon comme un bébé. Parce que pour la plupart des femmes, des parents, à partir du moment où le test est positif, il est légitime de penser au happy end neuf mois plus tard. C'est normal. C'est humain. Et surtout, ça ne rend pas la perte moins douloureuse de ne pas s'être projeté. La douleur est là, présente. Elle est physique et psychique. 

Je n'ai jamais regretté d'avoir annoncé à certains proches ces deux grossesses, parce qu'il a alors été plus simple de leur demander le soutien dont on avait besoin au moment de l'annonce de l'arrêt de la grossesse. Et parce qu'ainsi, ces deux grossesses ont existé ailleurs que secrètement dans mon cœur et mon utérus. Elles ont vécu dans l'esprit de certains de nos proches, pendant quelques semaines. 
Ces deux fausses-couches n'ont pas changé ma façon de penser. Pour les grossesses de l'Elu et de Numerobis, encore une fois, nous avons suivi nos envies pour les annoncer. 
La grossesse de Numerobis nous aura également prouvé que même au delà des 12 semaines, l'incertitude de l'avenir de la grossesse est encore plus que présente. Et nous avons malheureusement autour de nous des parents qui ont perdu leur bébé à 7 ou 8 mois de grossesse, voire à la naissance. Comme quoi, jusqu'au bout, tout peut basculer et le bébé que nous espérions si fort peut disparaître à tout jamais, emportant avec lui tous nos rêves de futurs parents. 
La solution n'est pas de se taire. Sinon, il faudrait se taire jusqu'à la naissance. 
La solution, c'est de suivre son instinct et ses envies. L'annonce d'une grossesse est quelque chose d'intime, de joyeux (dans un contexte où elle est désirée, bien entendu) et de touchant. 
Révéler sa grossesse avant trois mois permet aussi d'attendre plus sereinement la suite. Partager sa grossesse avant trois mois, c'est pouvoir confier ses angoisses, durant ce premier trimestre où on ne ressent pas concrètement la vie, seulement des signes, des symptômes voire des maux qui nous font dire que oui, on est bien enceintes et on porte la vie. Mais rien ne se voit. Ces trois premiers mois sont aussi difficiles qu'ils sont invisibles. Et je reste persuadée qu'ils seront plus légers à vivre, quelle que soit l'issue de la grossesse, si on suit son désir et qu'on s'autorise à briser le tabou. 

samedi 11 septembre 2021

Trouver mon équilibre

 Il y a plusieurs mois, j'ai participé à un atelier d'exploration émotionnelle, proposé par Claire Schepers. Cet atelier m'a immédiatement tapé dans l'oeil car j'étais vraiment à un moment de ma vie où j'avais l'impression de perdre pied. Avec deux enfants en bas âge, un changement de maison express et non prévu, une reprise professionnelle qui se profilait, j'avais l'impression de me noyer dans un verre d'eau. Mais surtout, je ressentais tellement de frustration, de colère, de tristesse aussi, de me retrouver dans cet état. J'avais surtout peur des conséquences qui risquaient d'arriver si je continuais à être dans cet état de mal-être. 

Credit Photo : Myriams-Fotos

Je me suis donc laissée porter par cet atelier d'exploration émotionnelle, en étant honnête envers moi-même et en voyant vers où tout cela me mènerait. Et comme après chaque atelier de ce genre, je ressens des bienfaits immédiats mais aussi et surtout sur du long terme. C'est un peu comme si l'atelier me permettait de semer une petite graine dans mon cerveau et que quelques temps après, cette graine se mettait enfin à germer. 

Ce que j'ai réalisé suite à cet atelier : 

  • Ce n'est pas ma maternité (d'enfants rapprochés) qui me donne cette sensation de perdre pied. Avant même d'avoir des enfants, je ressentais aussi déjà ce fort déséquilibre entre mes envies, mes besoins, mes ambitions, mes contraintes. 
  • J'ai le pouvoir de changer cette situation qui me pèse et ça commence par la bienveillance envers moi-même. 
  • Je dois écouter mes besoins et les faire passer en priorité dès que cela est possible, sans ressentir de culpabilité. 
  • Je mets la barre trop haute et surtout, je veux trop faire de choses en même temps. 

Je veux tout. C'était le titre d'un film dans les années 2000 que j'adorais regarder. Une jeune architecte ambitieuse, qui du jour au lendemain se marie, devient mère de famille de deux jeunes enfants et cherche à trouver son équilibre entre son mariage, ses enfants, son boulot, ses envies de femme, etc. Un peu le genre de personne que je suis aujourd'hui. 
Je me suis donc posée, et j'ai réfléchi à mon équilibre. A ce dont j'avais besoin, ce dont j'avais envie. J'ai appris à mettre des priorités, d'une part en me basant sur mes obligations de parent (nourrir mes enfants, prendre soin d'eux, répondre à leurs besoins...), mes besoins (primaires), les obligations "administratives" (payer les impôts dans les temps, régler les factures à l'heure etc). 

Credit Photo : LibelSanRo 


Aujourd'hui, au lieu d'être frustrée car j'ai fait la sieste pendant celle des garçons au lieu de me mettre au scrapbooking car ma to-do-list créative, ou de culpabiliser car j'ai pris 1 heure pour regarder une série ou bronzer au bord de la piscine au lieu de faire du ménage, rangement, tri ou préparer un repas sain et équilibré pour le repas du soir; je suis en accord avec moi-même. Même si parfois certaines décisions me coûtent un peu et qu'une culpabilité pointe le bout de son nez, je suis relativement sereine avec cela. Je prends aussi chaque chose à la fois. Je ne fais plus des "To-do-list" trop ambitieuses et plus longues que mon bras. Je me fixe des petits objectifs, ou des objectifs réalistes en fonction de mon état (d'humeur, de fatigue, de motivation). Parfois, je suis surprise d'en faire plus que ce que je prévoyais. Il m'arrive aussi de renoncer malgré tout à certaines tâches prévues, mais c'est un choix assumé. La plupart du temps, je m'en tiens à mes objectifs et ça m'apporte une grande satisfaction. 

La conclusion de tout cela, c'est qu'aujourd'hui, je vais mieux mentalement. Je suis toujours plus ou moins fatiguée en fonction des périodes, j'ai toujours autant de choses à faire en temps que maman de deux garçons plein de vie et je rêve encore de journées de 48 heures, mais je vais bien. Je ressens plus d'équilibre. Et pour les moments de déséquilibre, les petites tempêtes émotionnelles, les coups de speed et de ras le bol, j'ai désormais suffisamment de ressources en moi pour mieux affronter ses moments sans me noyer totalement. 

Credit Photo : Pexels


Cet article est la parfaite illustration de ce que je raconte. J'ai envie de l'écrire depuis longtemps, mais j'ai eu avant de le faire, d'autres besoins et envies, que j'ai priorisé. A l'heure où j'écris cet article, mes deux loulous étant à la sieste, je sais que c'est le bon moment pour ça. Je n'ai aucune obligation, mes besoins sont comblés et je peux donc laisser aller mon envie d'écrire sur ce sujet. Je ne me mets plus de pression, je ne serai plus frustrée de me dire que si je laisse ce blog autant à l'abandon, je n'aurai sûrement plus aucun lecteur. Ce n'est pas grave, ça me donne quand même envie d'écrire. 

Et bien entendu, je t'invite à découvrir l'univers de Claire Schepers sur son site ou sur Instagram

mardi 2 février 2021

On a déménagé !

 En octobre 2014, jeunes mariés, nous poussions la porte de notre première maison "à nous". Nous avions sauté le pas d'acheter notre home sweet home et nous étions hyper excités. On a commencé par faire quelques travaux de rafraîchissement, à mettre la maison à notre goût, et on s'est installés. On s'est beaucoup étalés, occupant rapidement chaque centimètre carré libre dans la maison. Et puis l'Elu est arrivé, et malgré la présence de quatre chambres, on a très vite compris qu'on serait rapidement à l'étroit. 




Cependant, le projet, au départ, consistait à prévoir une extension de notre maison, dans quelques années. Mais l'arrivée de Numérobis nous a montré, une fois de plus, que la maison ne correspondait plus tellement à notre fonctionnement, notre mode de vie. On a donc réfléchi plus sérieusement à cette fameuse extension, mais envisager autant de lourds travaux, avec deux enfants en bas âge nous a vite refroidi. 

On s'est donc dit qu'on allait déménager d'ici deux ou trois ans, en gros, quand l'arrivée d'un troisième enfant serait imminente. Mais, lors d'une discussion au début de l'été avec mes parents, on se prend au jeu de rentrer nos critères de recherche de la maison idéale. Trois maisons ressortent de nos recherches, et nous les visitons. Très rapidement, nous éliminons deux maisons, car les travaux sont trop importants. Mais la troisième maison se révèle être un vrai coup de coeur. Elle répond à tous nos critères. Les travaux sont raisonnables et consistent principalement à mettre la maison à notre goût en matière de décoration intérieure. Alors, après peu d'hésitation, on s'est lancé. 

Nous avons signé le compromis le 23 juillet, j'étais alors à quelques semaines de mon terme pour Numérobis. Et c'est le 9 novembre que nous avons signé l'achat de la maison. Les choses sérieuses ont alors commencé. Les travaux se sont enchaînés pour que l'on puisse emménager le 19 décembre. Ce fut donc des semaines assez lourdes, usantes, crevantes, stressantes, surtout avec deux enfants de moins de 24 mois. Si l'Elu était à la crèche en journée et la semaine, j'étais avec Numérobis constamment avec moi. J'ai donc appris à peindre rapidement entre deux tétées. Mais on a réussi, on a été dans les temps et à l'heure où j'écris cet article, nous sommes confortablement installés.


Mon mari s'est énormément investi dans les travaux et à encore pleins de projets pour la maison et le jardin. Maintenant qu'il a de la place pour bricoler, il s'éclate et apprécie de faire des choses pour améliorer notre confort à la maison. 

On prend nos marques, les enfants se sentent bien dans la nouvelle maison, et on a hâte de se construire de nouveaux souvenirs. 


J'ai surtout hâte que les beaux jours reviennent, afin de profiter de la magnifique piscine et du jardin. En attendant, je m'entraîne à entretenir le feu de la cheminée et je me blottis sous un plaid, devant la cheminée, avec un magazine à lire tout en regardant du coin de l'oeil Numérobis jouer sur son tapis. 

Je te parlerai prochainement de la vente de notre maison, que je n'imaginais absolument pas quitter et encore moins aussi vite. Je te parlerai également des côtés moins fun de ce déménagement express, en période Covid et avec deux enfants en bas âges dont un nouveau-né. 

Une chose est sûre, j'ai prévenu mon mari que le prochain déménagement serait celui pour un départ en EHPAD !!! Hors de question de partir d'ici !!!


Et toi, tu as aussi déménagé un jour sur un coup de coeur ? 

vendredi 27 novembre 2020

Sois forte et tais toi !

... et assume ! Après tout, tu l'as bien voulu ! 

Cette phrase, je l'ai tellement entendue, qu'elle soit réellement prononcée ou pensée si fort qu'elle nous crève malgré tout les tympans. Mais d'autres femmes l'ont aussi entendu. D'autres individus. Ces mots viennent d'une société que je trouve de plus en plus maltraitante et de moins en moins bienveillante. 

Credit Photo (Creative Commons) : EliasSch

On a tous - ou presque - dans notre entourage, quelqu'un d'assez fou pour préparer un marathon. Tu sais, c'est l'épreuve sportive où il est question de courir plus de 40km avec le sourire ! Et donc face à cet individu bizarre, mais déterminé, on va souhaiter bon courage, bonne chance, on va l'encourager, le soutenir. On va même crier quand il passera la ligne d'arrivée, lui remettre une médaille. Et s'il se blesse en cours d'épreuve, s'il abandonne, on sera compatissant, bienveillant, on lui dira "c'est pas grave, tu as donné le meilleur de toi, l'important c'est d'être allé au bout de tes limites", et on lui fera même un câlin et on lui dira qu'il réussira le prochain marathon auquel il participera, car maintenant, il sait à quoi s'attendre ! 

Et pourtant... A la femme qui fait des choix, on ne tient pas ce discours bienveillant et encourageant. A la femme qui va décider de sortir de la ligne déjà tracée par ce que la société lui dicte depuis des années, des générations, on ne lui dira pas "c'est pas grave"si elle change d'avis, si elle n'y arrive pas. On lui dira : "je te l'avais bien dit que tu allais échouer". Oui, car dans cette société, renoncer, arrêter, changer d'avis... c'est forcément un échec. 

Credit Photo (Creative Commons) :Prawny

Ainsi, la femme qui choisira d'accoucher physiologiquement, on ne lui dira pas que c'est super, qu'elle va y arriver. On ne l'encouragera pas avec une banderole "on croit en toi". On ne l'applaudira pas quand elle aura dépassé la phase de désespérance et franchi la ligne d'arrivée, celle où elle accueillera son tout petit dans le creux de ses bras. Et si en plus, elle se "blesse" comme le marathonien, qu'elle abandonne la course en demandant une péridurale, par exemple, on ne lui dira pas "bravo, tu es allée au bout de tes limites et de tes choix". Non, on lui dira "on te l'avait bien dit que tu n'y arriverais pas !". Cette phrase, je l'ai personnellement entendu en amont de l'accouchement de mon premier enfant, quand j'ai rencontré l'anesthésiste. Ce rendez-vous est obligatoire même dans le cadre d'un projet d'accouchement physiologique pour justement, prévenir, un changement de cap. Ce jour là, je me suis sentie tellement peu soutenue, et rabaissée, quand il m'a dit, à la fin de l'entretien, qu'on se reverrait sûrement bientôt car j'allais sûrement finir par réclamer la péridurale. J'ai gardé cette phrase négative en moi jusqu'à l'accouchement de l'Elu. J'en veux toujours terriblement à cet anesthésiste sans aucune bienveillance et empathie. 

A la femme qui choisira d'allaiter, quand celle-ci, fatiguée d'avoir donné le sein à son enfant toute la nuit, suite à un pic de croissance, on lui balancera en pleine figure, à elle aussi, qu'elle l'a bien voulu, cette situation. Qu'elle n'a qu'à être forte et se taire. Et puis, allaiter, c'est naturel, elle n'a pas besoin d'aide ! 

A la femme qui fera le choix de ne pas travailler après la naissance de son enfant, pour une durée de deux mois, six mois, trois ans, toute la vie... mais qui osera dire que c'est difficile de "rester à la maison", que financièrement, c'est dur et que donc elle ne pourra pas mettre 50€ dans le cadeau d'anniversaire de Tartenpion car elle va garder cet argent pour nourrir sa famille, à elle aussi, on lui rétorquera qu'elle l'a choisi, qu'elle doit assumer maintenant et qu'en plus, elle est radine ! On pourra parfois même rajouter la petite phrase bonus qui est offerte, à savoir que comme elle ne travaille pas, elle, il serait vraiment bien vu que la maison soit bien tenue et qu'elle ne demande pas (trop) l'aide de son mari, qui se tue à la tâche pour permettre à sa femme d'être en "congé" parental. 

Aux parents qui feront le choix d'avoir des enfants d'âges rapprochés, et qui se plaindront de ne pas assez dormir la nuit, d'être fatigués ou toute autre option montrant l'épuisant et surtout le besoin d'aide, on ne proposera pas de venir les relayer la nuit, de les soulager en faisant un repas, de les aider en leur offrant leurs services de baby sitting - gratuitement - pour qu'ils aillent se faire un repas en amoureux. Ils l'ont voulu, ils les ont eu, qu'ils assument ! 

Je pourrais multiplier les exemples mais je préfère laisser des points de suspensions car les situations sont très nombreuses. Je pense que beaucoup de monde se reconnaîtra dans une de ces femmes, un de ces parents... Car malheureusement, personne n'y échappe. J'ai mis en avant ici certains de mes choix de vie, mais j'aurai pu aussi citer la mère qui décide de ne pas allaiter ou celle qui reprend le boulot aux 2 mois 1/2 de son enfant et qui au lieu d'être réconfortée et encouragée se fait limite qualifiée de mauvaise mère qui préfère sa carrière à sa famille. 

Et ce qui me choque et m'insupporte le plus, c'est que ces phrases, ce fameux "sois forte, tais toi et assume", viens très souvent de nos paires. Nous sommes le plus souvent jugé.e.s et non soutenu.e.s par d'autres femmes, d'autres mères, qui ont elles aussi, pourtant, fait des choix tout au long de leur vie, éclairés ou pas, assumés ou pas. Et qui, aujourd'hui, sont les premières à blesser d'autres femmes avec des propos décourageants et assassins. A croire que les choix dérangent et font peur, à ceux qui n'ont pas fait les mêmes que nous. A croire que ne pas suivre le chemin tout tracé et imposé par notre société fais de nous des individus à surveiller au moindre faux pas, à la moindre plainte. Mais aussi à croire que faire un choix signifie forcément être contre l'autre. 

J'aimerais tellement être entourée de bienveillance, d'encouragements, de non-jugements. J'aimerais tellement entendre "tu peux être fière de toi, de tes choix" au lieu de "sois forte et tais toi !". 

Ce sujet d'article me trottait dans la tête depuis un moment, et il s'est concrétisé après qu'une femme m'ait envoyé dans les dents, en plein post-partum de mon deuxième enfant, après que lui avoir dit que cette deuxième grossesse m'avait littéralement épuisée physiquement, que je l'avais voulu, que je n'étais pas la seule femme à avoir eu des enfants, et que je devais assumer. Cette personne ne s'est certainement pas rendu compte à quel point son propos a été violent pour moi. Je l'ai pris en pleine face, alors encore fragilisée par mes deux grossesses et ma maternité, que j'ai certes voulu, que j'adore, mais qui m'épuise aussi. Je l'ai d'autant plus mal vécu que c'était une des premières fois que j'osais enfin mettre des mots sur ma fatigue et la difficulté physique de ma deuxième grossesse... et que ça venait d'une autre femme, d'une autre mère... Sois forte et tais toi. 

dimanche 11 octobre 2020

J'élève mon enfant dans la nostalgie de mon enfance

Combien de fois la phrase "c'était bien mieux de mon temps" m'a énervée !? Et pourtant, je constate aujourd'hui que je vis beaucoup dans la nostalgie de mon enfance, encore plus depuis que je suis devenue mère. J'aurai du m'en douter, car déjà enfant et ado, j'avais fait le choix de garder des tas de jouets pour mes enfants, plus tard. Mais le phénomène ne fait qu'augmenter ...


Credit Photo (Creative Commons) : photo personnelle - Ceci est un journal intime. 


Il y a eu tout d'abord les quelques vêtements que j'ai récupéré de mon enfance et de celle de mon frère, que j'ai pris plaisir à faire porter à l'Elu et maintenant à Numérobis. Un petit côté vintage qui m'a fait craquer. J'ai tenu également à récupérer un tapis de change cousu par ma mère pour ma naissance. Il en est de même pour les premiers hochets d'éveil qui ne sont autres que ceux de mon frère. 

Credit Photo (Creative Commons) : photo personnelle - Ceci est un journal intime. 



La bibliothèque de l'Elu est composée à 40% des livres de mon enfance, que j'ai parfois rafistolé car mon frère avait pris plaisir à les manger. Et quand j'ai réalisé que certains livres qui ont marqué mon enfance mais que je n'avais pas/plus en ma possession, je me suis empressée de les rechercher pour les acheter. 


Credit Photo (Creative Commons) : photo personnelle - Ceci est un journal intime. 


Actuellement, l'Elu joue avec mes poupons (mon premier et mon dernier), mes petites affaires de nursery... Je lui ai gardé soigneusement ma petite dînette en porcelaine - qu'il aura le jour où il sera un peu moins bourrin - et mes petits malins. J'ai également conservé toutes mes Barbies et même si j'avoue être un peu stressée à l'idée du sort qu'il pourrait lui réserver, je suis prête à lâcher prise pour lui laisser la possibilité, comme je le faisais, d'inventer des histoires pendant de longues heures de jeu ! Et c'est sans compter sur les Playmobils et les Lego avec lesquels j'ai hâte de jouer avec lui.

Credit Photo (Creative Commons) : photo personnelle - Ceci est un journal intime. 



J'ai également gardé de mon enfance des K7 audio, ainsi que des disques vinyles. Il s'agit là de spectacles de mon enfance - la compagnie Les 3 Chardons, qui venait jouer le spectacle dans nos écoles, vous vous souvenez ? -, de livres audio, de musiques de mon enfance. Moi même j'adore les écouter encore aujourd'hui. Je connais par coeur l'histoire et la chanson de Leila et la Baleine, et je chante à tue-tête la chanson "S'il te plait, merci" de la bande à Winnie quand j'apprends à l'Elu la politesse ! C'est donc tout naturellement que j'ai gardé le tourne-disque (appelé mange-disque car on insert les disques à l'intérieur) pour pouvoir les écouter avec mes enfants. Il ne me reste plus qu'à trouver un lecteur de K7 car celui que j'avais récupéré chez ma grand-mère a rendu l'âme. 

Un autre aspect de cette nostalgie réside dans les dessins animés de mon enfance. Si j'apprécie regarder certains nouveaux films d'animations, je dois avouer être très attachée aux dessins animés de mon enfance. Je trouve d'ailleurs certaines "séries" animées d'une excellente qualité. Et je dois pas être la seule à le penser car certains ont eu un petit coup de neuf et sont à nouveau à l'antenne, comme la série "Il était une fois la vie". J'ai donc commencé à reconstituer une collection de certains dessins animés qui ont marqué ma jeunesse : Les Animaux du bois de Quat'sous, les Moomins, les Barbapapas, Princesse Sarah... Et j'en cherche encore certains, qu'il me sera très difficile à trouver je pense : SOS Polluards notamment. Et il est évident que je montrerai également à mes enfants les classiques à mes yeux : les "vieux" Disney, Petit Pied, Brisby et le secret de Nimh... 

Il est évident que je vais laisser mes enfants vivre dans leur temps, même si j'espère secrètement qu'ils passeront à côté de certaines modes que ce soit vestimentaires ou culturelles... Mais j'aimerais vraiment qu'ils connaissent certaines choses de mon enfance, qui font parties de mon éducation et qui m'ont donc aidé à grandir. J'ai envie de retrouver dans leurs regards un peu de mes yeux d'enfant émerveillé ! 

vendredi 9 octobre 2020

Je suis mère de deux garçons

Nous sommes le 9 octobre 2020, il est 10h17, le ronron du poêle à granulés en musique de fond, accompagné de jolis areuh. Je suis maman de deux garçons, depuis le 4 août 2020, à 12h49. Numérobis était donc un garçon. Je suis une maman comblée. Il a eu donc 2 mois. 9 semaines mardi. Le temps passe si vite. Tellement vite que si je ne prenais pas un congé parental, je devrai déjà reprendre le chemin du bureau le 20 octobre. Je trouve cela complètement fou. Je ne suis pas prête à laisser mon tout-petit. 


Depuis mon dernier article, il s'est passé des tas de choses. Comme je l'avais déjà annoncé, je publie désormais ici au rythme de ma vie, c'est à dire comme je peux. Je ne vais donc pas refaire un énième message de retour. Mais je peux annoncer ici que j'ai beaucoup de choses à dire car il se passe des tas d'événements en ce moment dans ma vie. 

Le plus important, c'est donc celui ci. J'ai deux enfants. J'ai encore du mal à réaliser qu'il y a 20 mois, nous n'étions que deux, et qu'aujourd'hui, nous formons une famille de quatre (prévoyant déjà d'être une famille de cinq plutôt rapidement). Ce nouveau statut, ce passage de 3 à 4, est à la fois ultra naturel et en même temps une vraie réorganisation. Je ne me retrouve donc pas totalement dans le témoignage de copines qui me disaient que le passage de 3 à 4 était vraiment dur. Je ne sais pas si c'est parce que l'Elu est encore petit, que du coup, on était déjà sur un rythme bien soutenu, mais clairement, la venue de Numérobis n'a pas énormément bouleversé nos vies, si ce n'est en apportant une dose d'amour en plus ! 

J'écrirais dans quelques temps un article sur ce qu'un deuxième enfant a changé dans nos vies, sur les premières semaines, mais aujourd'hui, j'ai envie d'écrire sur mes garçons. 

Enceinte, je redoutais un peu d'avoir un second garçon, non pas parce que je voulais absolument une fille, mais parce que j'avais peur de la comparaison trop facile. Là aussi, ce sera le sujet d'un prochain article - ici ou sur le blog BDV où je suis chroniqueuse, pour rappel. Une chose est sûre, aujourd'hui, je suis heureuse d'avoir deux garçons. 

Un petit grand garçon de maintenant 20 mois, qui grandit à une vitesse folle (92cm... on l'habille en 3-4 ans, voilà voilà), qui est en quête constante d'autonomie et nous surprend chaque jour un peu plus. Un grand frère ultra attentionné, qui a eu juste quelques secondes d'hésitation quand il a vu son petit frère pour la première fois, mais qui depuis, passe son temps à le câliner, lui apporter ses doudous, lui parler quand il pleure, l'éclabousser dans le bain... Alors oui, il est un peu brute dans ses mouvements, il le réveille constamment, et il y a parfois une pointe de jalousie, mais on sent déjà la complicité entre eux, et c'est magique, ça fait fondre mon coeur de maman. Tout comme quand je reçois des compliments de la part des professionnelles de la crèche. Je suis fière de l'avoir pour le moment, pas trop mal élevé, et de l'ouvrir au monde. C'est un enfant solaire, rieur, facile à vivre même si les 2 ans approchent et qu'on sent la phase de la frustration et de l'opposition arriver... Mais là aussi, je lui fais confiance, nous arriverons à gérer cela, ensemble. 

Un petit bébé de 9 semaines, qui enfile déjà des vêtements en taille 9 mois et qui gazouille énormément. Il est si zen, une vraie marmotte, que l'on sait vite quand quelque chose ne va pas. On a donc rapidement su détecter un vilain reflux et j'espère qu'il sera vite de l'histoire ancienne. Il me réapprend à être une autre maman. Je suis à la fois si inquiète pour lui et si détendue... Une chose est sûre, je suis une vraie lionne, prête à bondir à la moindre attaque extérieure. J'ai hâte de le voir grandir et devenir un petit homme. Un lien très fort s'est déjà créé entre lui et moi... Lui qui se marre en prenant la tétée ou qui se blottit contre moi la nuit. 

Ce que j'aime par dessus tout, en tant que mère de deux garçons, c'est les voir grandir ensemble. Observer le grand s'installer à côté du petit sur le tapis d'éveil. Observer le petit chercher du regard le grand. Parler du bébé avec l'Elu. Ressortir les vêtements du grand pour les enfiler à Numérobis. Ils sont mes petits princes, et je crois que je suis leur reine, et j'aime ça ! 

J'ai tant de choses à dire sur cette nouvelle maternité, que j'ai hâte d'avoir à nouveau un peu de temps libre pour venir poser des mots ici sur tout ce que je vis actuellement ! 


mardi 26 mai 2020

Vous ferez bien un petit deuxième [Partie 3 : mes sentiments ambivalents]

L’Élu était déjà un miracle - pour rappel né après plus de 4 ans de parcours d'infertilité et arrivé spontanément juste avant notre dernier transfert d'embryon - alors fonder une famille "nombreuse" (3 dans l'idéal, 4 si on est un peu fous) avec des enfants d'âge rapprochés nous paraissait un rêve irréaliste. Un rêve quoi. Alors quand ce rêve est devenu réalité en à peine quelques cycles et mois d'attente ... je fus assez chamboulée ... 

Credit Photo : Free-Photos

Comment passer d'un enfant attendu pendant des années à un enfant qui, bien que très désiré, arrive comme un cheveu sur la soupe, alors que son frère est encore un bébé et qu'on n'a même pas eu le temps de s'inquiéter de savoir si on allait devoir ou non passer par un transfert d'embryon ... 
Comment cet enfant allait-il être accueilli dans la famille, auprès de nos amis, après la tornade émotionnelle qu'a provoqué la naissance de l’Élu ? 
Comment cet enfant allait-il faire sa place, alors que l’Élu prend justement toute la place ... dans nos vies, dans nos cœurs, dans ceux de ses grands-parents qui eux aussi, n'attendaient que Lui !?
J'ai même pleuré quand on a préparé sa chambre, car elle est plus petite que celle de l'Elu et plus éloignée de notre chambre ... Comment cet enfant allait-il se sentir à sa place de deuxième, de Numérobis ? Comment allait-il vivre le fait de ne jamais connaître l'exclusivité ? De récupérer les affaires de son frère ? 

Je me suis aussi posée mille questions vis à vis de l’Élu... 
Comment allait-il vivre l'arrivée si rapide de ce petit frère ou de cette petite sœur, alors qu'il n'a rien demandé, alors qu'il est encore un bébé, mon tout petit bébé ? 
Comment allait-il supporter de ne plus avoir l'exclusivité de notre temps et de notre amour ? 

Et puis, il y a eu aussi toutes les questions que je me suis posée par rapport à moi ... 
Comment allais-je pouvoir aimer aussi fort Numérobis que son frère ? 
Comment trouver du temps pour lui alors que j'ai déjà du mal à en trouver pendant la grossesse ? 
Comment allais-je réussir à m'occuper de lui autant que je l'ai fait avec l’Élu ? 
Comment allais-je pouvoir me couper en deux quand l’Élu réclamera de l'attention en même temps que Numérobis ? 

Credit Photo : Sathyatripodi 

Et il y a eu sûrement pleins d'autres questions, d'autres interrogations et doutes ... Sans parler des sentiments négatifs ressentis durant la période d'attente des résultats de T21, où j'ai culpabilisé de mettre ma grossesse entre parenthèse, où j'ai culpabilisé de ne pas prendre assez de temps pour Lui, où j'ai culpabilisé de pleurer autant et d'impacter alors sur son bon développement ... Me disant qu'il ne serait jamais aussi serein que son frère vu la grossesse que je vivais. J'ai culpabilisé aussi qu'il soit toujours soumis aux cris, rires et pleurs de son grand frère, qui trop content de voir mon ventre s'arrondir, passe son temps à le bisouiller, le câliner mais aussi le malmener (et vas-y que je t'écrase le ventre, que je crie dans ton nombril, etc). J'ai culpabilisé de le priver de la présence de son papa lors de l'échographie T2 à cause de ce putain-de-Covid-de-merde, alors que je n'y suis pour rien. Bref, en résumé, j'ai culpabilisé. 

Puis, j'en ai parlé. Au papa, bien sûr. A d'autres mamans, aussi. Mais surtout à mes sages-femmes. Ce sont elles qui ont réussi à m'apaiser, et à effacer mes angoisses, légitimes certes, mais non essentielles. J'ai donc accepté. Accepté que mon cœur de maman puisse en effet s'agrandir pour aimer aussi fort l'un et l'autre de mes enfants. Accepté que Numérobis soit arrivé, comme je l'espérais au fond de moi, aussi vite que ça ... Accepté qu'il soit dès la grossesse baigné dans une ambiance familiale qui vit, rit et pleure, car ce sera de toute façon sa vie, son quotidien, dès sa naissance. Accepté d'être fatiguée et de devoir déléguer la gestion de l'Elu le temps d'une heure ou une journée. Accepté que les débuts avec Numérobis ne ressembleront en rien à ceux avec son frère, car nous sommes déjà parents, il y a déjà un premier enfant et que de toute façon, chaque enfant est différent. 

Credit Photo : Pixel2013

Grâce à elles, j'ai tout simplement accepté que mon projet de famille était en train de se concrétiser et que l'aventure ne faisait que commencer ...