mardi 19 septembre 2017

Le jour où on a peur de blesser l'autre

Il y a quelques temps, lors d’une dispute avec Charmante Compagnie (et oui, aussi charmant soit-il, ça arrive), partie à cause d’un malentendu, j’ai pris conscience de l’impact qu’avaient eu mes dernières fausses couches sur mon couple. En effet, en discutant par la suite, Charmante Compagnie m’a avoué ne pas avoir pu faire correctement son deuil, surtout de la première fausse couche, car il n’avait pas osé trop en parler, afin de ne pas m’accabler davantage.
 Figurez-vous que, de mon côté, parce que j’avais bien senti que mon mari était très meurtri par cet événement, j’avais également volontairement évité de trop en parler, histoire de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Sauf que nous étions tous les deux malheureux, et que par peur de blesser l’autre, on s’est fait encore plus de mal à nous-même.
Nous sommes cependant un couple qui échange beaucoup, qui met des mots sur des émotions, des émotions sur des maux … Mais là, je ne sais pas, il y a eu un loupé. Nous sommes restés tous les deux dans notre bulle, afin de ne pas faire de mal à l’autre en reparlant de cet échec. 

Pour ma deuxième fausse couche, j’avais même pris les devants. Le jour de l’annonce de l’arrêt du cœur de notre petit embryon, j’avais eu un mauvais pressentiment. Je me doutais qu’on allait nous annoncer une mauvaise nouvelle, et j’avais beau essayer de dédramatiser, ça ne changeait pas cette impression. Charmante Compagnie, lui, est tombé de très haut, et il ne s’y attendait pas. Je l’ai immédiatement compris, et du coup, je me suis oubliée. Parce que je ne voulais pas qu’il soit triste, qu’il souffre trop et ne se remette pas de cette perte, c’est moi qui me suis refusée la tristesse. Ainsi, je n’ai quasiment pas pleurer … histoire de ne pas nous effondrer tous les deux, et parce que je sais qu’il est très sensible à mes pleurs qui le rende très triste … 

Bref, c’était un peu un cercle vicieux, car j’ai aussi fait ça pour mon entourage, nos parents, nos amis proches etc. A regarder, comme ça, avec du recul, on aurait presque pu croire que je n’étais pas affectée par cette terrible nouvelle. Mais en fait, j’intériorisais tout pour aider ceux que j’aime. J’ai pensé à la tristesse des autres avant de m’accorder le droit d’être triste. Je ne me suis autorisée toutes ces émotions que plus tard, après mon curetage. J’ai fondu en larmes un peu moins de 10 jours après le curetage, et je n’ai pas pu m’arrêter de pleurer avant une ou deux heures. Mais j’ai évacué. Et j’ai fait promettre à ma Charmante Compagnie qu’il fallait qu’on arrête d’avoir peur que nos émotions ou nos sentiments blessent l’autre. Nous sommes un couple solide, nous avons traversé bien des épreuves, l’un et l’autre, alors on est encore plus forts à deux. 


 
Et toi, t’arrive-t-il aussi de te mettre un peu de côté pour éviter de faire souffrir la personne que tu aimes ? 

N'oubliez pas le concours en cours sur le blog ! 

5 commentaires:

  1. Oui ! De si nombreuses fois, sur les plans personnel et professionnel.
    Jusqu'à la saturation qui m'a fait perdre tout contact avec moi.
    Je dis plus et autrement et avance doucement sur le chemin, pas aisé d'une communication bienveillante pour moi en 1er.

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  2. parfois j'essaie mais c'est un exercice très difficile. Il n'y a qu'avec mon mari que j'ai plus de mal car il sait même quand je souris...

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  3. Il m'arrive souvent de ne rien dire, parce que l'Homme ne sait pas comment réagir quand je ne vais pas bien ... ça lui vient de loin, il met son armure comme quand il était gamin et que sa mère "explosait" de mal être. Du coup c'est compliqué parfois ...
    Bonne soirée !

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  4. Tu analyses parfaitement la complexité des sentiments humains. Ah si on pouvait contrôler nos petits coeurs...

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  5. Ne rien dire est rarement une bonne idée. Entre moi et mon mari, même si parfois on ne dit rien, chacun comprend tout de suite que quelque chose ne va pas chez l'autre et on se retrouve rapidement en train d'en parler... Bref, il nous est quasi impossible de garder le silence sur nos sentiments. Et c'est ce qui fait la force de notre couple. :)

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