Le jour où j'ai acheté ma dernière boîte de pilule

Ca y est, le grand jour approche. Dans moins de deux mois, je serai Madame. Autant vous dire que je suis deux fois plus impatiente et excitée que d’ordinaire, surtout que les préparatifs avancent vite et bien, et que ça me soulage, même si parfois j’ai encore des sueurs froides ou des terreurs nocturnes quand je pense à certains trucs qu’il reste à faire, prévoir, acheter etc. Mais en même temps, je me dis qu’il faut que j’en profite, que ça ne se reproduira pas ce genre d’événement grandiose dans ma vie, et qu’au fond, les préparatifs d’un mariage, c’est un peu comme une grossesse. Un mélange d’excitation et d’appréhension. Justement, parlons grossesse. Après avoir fait de savants calculs pour décaler ma prise de pilule pour ne pas être embêtée par un débarquement anglais le jour J, je suis arrivée au moment où j’ai dû aller acheter ma nouvelle boîte de pilule. Nouvelle mais surtout dernière avant un bon petit moment. Et comme si c’était symbolique, je serai normalement en pleine période d’ovulation le lendemain du mariage. En effet, je vais arrêter la pilule quelques jours avant le mariage, à la fin de ma dernière plaquette. Bien sûr, je ne me fais pas d’illusion, il va falloir laisser le temps à mon corps de se préparer, après des mois de pilule. Mais j’aime savoir que potentiellement je pourrais tomber enceinte au moment même où je serai devenue une Madame. Et là aussi, je suis à la fois excitée et complètement apeurée. Comment mon corps va-t-il réagir à cet arrêt de la pilule ? Surtout quand, depuis mes 14 ans, je suis atteinte de dysménorrhée qui me cloue au lit à chaque début de cycle. Surtout quand, depuis toujours, mes cycles sont affreusement irréguliers. Surtout quand, depuis toujours, j’arrive à trafiquer psychologiquement mes cycles. On a beau se dire, avec Charmante Compagnie, qu’on y va sans pression, il y a de l’appréhension. Et puis, forcément, les souvenirs du passé ressurgissent. Comment ne pas penser au risque de grossesse molaire et à toutes les complications que j’ai pu vivre, tumeur, chimio, péricardites, découverte d’un syndrome bizarre … Bien sûr, les médecins ont eu beau me rassurer, me répéter mille fois que ce n’était pas une fatalité, que toutes mes grossesses ne finiraient pas de la sorte, j’ai du mal à me le sortir de la tête … quoi que. En fait, à bien y réfléchir, finalement, je leur fais confiance aux médecins. Ils ont raison. Pour cette nouvelle grossesse, tout est différent. Alors, moi zen à 100% ? Pas tout à fait. Car si je prends plaisir à voir le ventre de ma collègue s’arrondir, elle qui après 6 mois de mariage attend des jumeaux, j’ai quelques peurs, malgré tout. Vais-je être malade ? Vais-je supporter tous les examens médicaux liés à cette grossesse ? Vais-je réussir à surmonter ma phobie de l’accouchement ? Et si, en fait, je n’aimais pas être enceinte ? Mais, comme on dit, la peur n’évite pas le danger, alors au fond, je me dis que tout ira bien, ou du moins tout ira comme ça doit aller. Je prends modèle sur ces millions de femmes dans le monde qui ont porté la vie, et ce sera avec fierté que je porterai moi aussi un joli ventre rond – déjà couvert de vergetures - . Et puis, il y a la question « sommes-nous prêts à être parents » ? En tout cas, nous sommes prêts à le devenir. Alors voilà, le 11 août 2014, j’avalerai ma dernière pilule avec l’espoir de créer la vie avec mon mari. Le 11 août 2014 marquera le début de notre prochaine aventure.