samedi 12 novembre 2016

Le jour où j'ai entendu parler du Passeport pour être mère

Il y a quelques semaines, la Maison des Maternelles a consacré son émission sur l'infertilité. Vaste sujet qui ne peut pas être abordé en seulement 20 minutes, on est bien d'accord. Mais ils avaient invité sur le plateau une psychologue spécialisée dans ce domaine. J'ai énormément apprécié son intervention parce qu'elle a levé le mythe de la cause psychologique. Si je sais qu'il est important d'être positive, optimiste et de ne pas être focalisée par une grossesse, je sais que c'est avant tout pour notre bien être psychologique. Et cette psychologue a bien insisté en disant que les blocages dits psychologiques n'existaient pas. Du moins pas comme l'entendent les gens bien pensants qui nous bassinent avec leurs conseils à 10 balles "arrête d'y penser", "ça arrivera quand tu ne t'y attendras pas", "si ça marche pas c'est psychologique, adopte un chien et tu verras" et autres phrases-caca à 2 balles. 
Bien sûr qu'il y aura toujours des femmes pour qui ça marchera le jour où elles se focaliseront moins là dessus. Bien sûr qu'il y a des femmes qui tomberont enceinte naturellement après des années et des années de traitement, comme ça, naturellement, souvent même au moment où elles allaient franchir le pas de l'adoption. Bien sûr qu'il y aura  toujours des contre-exemples. Mais le corps humain et plus particulièrement l'appareil reproducteur de la femme est bien plus complexe que ça. Il ne suffit pas juste de ne pas y penser pour ovuler (et avoir une ovulation de bonne qualité). Il ne suffit pas d'avoir un chien sur qui reporter son amour maternel pour qu'un embryon s'accroche à un utérus hostile. Bref. 
Par contre, la psychologue a parlé de quelque chose qui m'a énormément parlé, au-delà de l'aspect blocage psychologique ou pas. Elle a évoqué le fait que parfois, certaines femmes sont dans l'attente d'une passation de "pouvoir" de la part de leur propre mère. Elle parlait alors d'une sorte de passeport de la maternité. Il s'agit du moment où notre mère nous passe notre flambeau, nous dit que ça y est, maintenant c'est à nous de materner, qu'elle est heureuse pour nous et qu'elle est prête, elle, à devenir grand-mère. 
Je pense en effet que c'est quelque chose de très important et qui joue beaucoup sur la mise en route d'une première grossesse. Ainsi, avec ce passeport, on se sent enfin légitime. On passe de la petite fille de sa mère à une femme sur le point de devenir mère à son tour. Ca a un côté sécurisant. 
Je pense que c'est sûrement quelque chose qui m'a manqué, au début de nos essais avec Charmante Compagnie. Si sa mère a toujours été très démonstrative dans son envie de devenir grand-mère, ma mère et la belle-mère de Charmante Compagnie n'ont pas cessé de répéter qu'on avait le temps, de ne pas nous précipiter etc (bon, ça c'était avant, car au final, ils sont comme tout le monde, et au bout de 2 ans d'essais infructueux, ils trouvent ça eux aussi trop long ...). 
Mais pour en revenir à ma propre mère, je pense que j'ai pendant longtemps eu ce sentiment d'illégitimité à vouloir devenir mère. Comme si je sentais que c'était une étape difficile pour ma mère, d'accepter de me voir grandir et devenir une femme responsable. J'ai bientôt 29 ans et malgré tout, j'ai parfois l'impression d'avoir encore 16 ans, pour ma mère. Même si je me considère aussi parfois comme la mère de ma mère, sur bien des sujets. Bref, nous avons une relation à la fois fusionnelle et explosive. Mais tout ça pour dire que concernant la maternité, j'ai longtemps eu l'impression d'être trop jeune pour vouloir désirer un enfant. Je ne sais pas si c'est parce que maintenant, le temps passe, que j'avance en âge et que je prends plus confiance en moi, mais maintenant je me sens en âge de devenir mère. Cependant, j'aimerais, encore maintenant, que ma mère, symboliquement, me passe le flambeau. Je me dis que j'ai peut-être besoin de ça pour passer à la suite. J'ai déjà une telle phobie de l'accouchement, que j'ai peur, inconsciemment, de ne pas être à la hauteur pour ma mère. Ou que des choses inconscientes et enfouies se rejouent avec ma future grossesse. 
Quand j'ai fait ma grossesse molaire, il y a 6 ans, ma mère m'a dit des choses de son passé que j'aurai aimé ne pas savoir. Mais elle est comme ça, elle part du principe que les "secrets" de famille doivent tous être révélés. Je ne suis pas à 100% d'accord. Je n'avais pas besoin de savoir ce qu'elle m'a confié de son histoire, de son passé et de son vécu avec la maternité. 
A ce jour, j'aimerais que ma mère me dise qu'elle est fière de moi, et qu'elle est heureuse d'être bientôt grand-mère. Je ne veux plus entendre certaines petites phrases, certes dites sur le ton de l'humour, mais qui me casse mon enthousiasme ... J'aimerais qu'elle me cède son passeport de la maternité et qu'elle me donne un VISA pour un, deux, trois ou quatre enfants à venir. 

Et toi, as-tu eu besoin que ta mère te passe le flambeau ? L'as-tu fait - ou penses-tu le faire - avec ta/tes filles ?

14 commentaires:

  1. Je n'avais encore jamais entendu parler de ce concept. Mais il est certain que nos relations mère/fille ont un impact tout comme le moment où on donne naissance et devenons mère à notre tour.

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  2. bonsoir,
    Comme tu le sais peut être ma maman est décédée du coup la question ne se pose pas pour moi . Je sais qu'elle aurait aimé que j'ai des enfants et était un peu triste quand je lui disais que je n'en voulais pas . Maintenant que j'en veux un qui sait ce qu'elle aurait pensé lol non je pense qu'elle respecterait mon choix quel qu'il soit. Du coup mes problèmes face à la maternité sont différents puisque je n'ai "personne " à qui poser les questions et à me rassurer sur ma compétence à le maintenir en vie et assurer son développent affectif jusqu'à ces 3 ans . Mais je n'ai pas le choix donc...
    Pour ce qui est de ta propre histoire je comprends ce que tu veux dire quand tu dis préférer ignorer certaines choses. Pour le reste, les remarques etc... n'est il pas possible d'en parler avec ta maman?
    bisous en tout cas

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  3. Je comprends ce que tu veux dire... Mais ben, disons que moi, le flambeau, je l'ai pris toute seule, sans qu'on me le donne! Mon désir de grossesse date de mes 16 ans et je me sentais déjà tout à fait capable d'aimer et d'élever un enfant, que ma mère soit d'accord ou pas!!! En fait, j'attendais juste de trouver le bon PERE pour mes enfants... lol. Quand ce fut fait (vers 21 ans), je ne me suis même pas posé la question! Je suppose que cela dépend du caractère: J'ai toujours été très indépendante vis à vis de de mes parents (même si en réalité, j'agissais un peu pour leur prouver qu'ils avaient tort... hum hum). Bref. Le principal est que maintenant tu te sentes prête.
    En ce qui concerne la grossesse et l'accouchement, il faut que tu intègres l'idée que CE N EST PAS GENETIQUE et que, quels que soient les exemples que tu as vus ou entendus autour de toi (ta mère ou autres), chacune a sa PROPRE histoire. J'ai eu 7 grossesse sans souci (meme pas de nausées) et 7 accouchements normaux, sans jamais d'épisio, dont 3 sans péridurale. Donc, pas d'affolement!! On peut accoucher sans que ce soit un cauchemar! Au contraire, je garde le souvenir de moments très beaux et très forts... :) Bisous

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  4. Il est intéressant ce concept de passeport, je ne connaissais absolument pas ! De notre côté, pas encore de petit bout, mais je pense que ma mère me passera bien le flambeau et me sera d'une grande aide le jour venu !

    Bon dimanche,


    Anthony & Noémie - blogueurs amoureux et facétieux sur notrecarnetdaventures.com
    En ce moment, on te parle d'une box surprise pour les amoureux !

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  5. je n'ai pas eu besoin de cela, et d'ailleurs cela ne m'est jamais venu à l'esprit. Je ne pense pas donner le flambeau à ma fille un jour, ce n'est pas à moi de donner mon accord en quelque sorte, elle fera un enfant quand elle l'aura décidé et non pas au moment où j'aurais envie d'être grand mère! bien sûr si elle me dit ça à 16 ans, là oui je ne serais pas d'accord lol

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  6. Alors je ne vais pas te rassurer, mais j'ai passe la quarantaine et ma mere se comporte parfois comme si j'avais encore 15 ans. Je crois qu'il ne faut pas trop s'en offusquer et se dire que nous menons notre vie comme nous l'entendons quelques soient les commentaires que nos charmantes mamans peuvent faire. Nous avons le droit de nous tromper, de changer d'avis, de nous amuser comme des petites folles, c'est NOTRE vie a nous d'en profiter a chaque instant. Je suis dans le "carpe diem" en ce moment avec tout ce qui se passe dans le monde...
    Alors profite des petites joies et des jolis moments qui s'offrent a toi et ne pense pas trop a ce que les autres disent.
    Bon courage !

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  7. J'avoue que ton article me fait réfléchir car je clame haut et fort que je ne suis pas pressée d'être grand-mère !!! Bon, Fiston 1 vient tout juste de se marier, et les autres ne sont pas encore en couple... A vrai dire, ça m'est égal. Ils auront des enfants s'ils en veulent le jour où ils en auront envie et je crois que je m'adapterai à la situation. Mon truc, c'était plutôt d'intervenir le moins possible, de les laisser agir à leur guise, pour ne surtout pas les influencer...
    Mais cette idée de passer le flambeau à ses enfants, je trouve ça très bien. Peut-être qu'ils ont besoin finalement que nous les parents mettions des mots sur ce qui nous semble évident ?
    En tout cas, ma mère n'a jamais rien fait de tel. A 16 ou 17 ans, à l'époque où j'avais mes premiers petits copains, elle m'avait plutôt clairement dit que ce n'était pas la peine que je remette les pieds à la maison si jamais j'étais enceinte... J'en avais déduit que je n'avais plus qu'à prendre mes décisions seules et les assumer quoiqu'il arrive. Ce que j'ai fait :o)

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  8. Non, je n'ai pas eu besoin que ma mère me passe le flambeau. En réalité, j'ai été contrainte, pour cesser de subir son influence sur ma vie, de couper le cordon moi-même. Afin de me sentir le droit de choisir ma propre vie et de faire mes propres choix, il a fallut que je me libère de son emprise. ça n'a pas été facile. Mais pour me retrouver, devenir moi-même et cesser d'être le reflet de ce qu'elle désirait me voir devenir, il a été nécessaire que je m'éloigne (psychologiquement et physiquement d'ailleurs). Ainsi, lorsque le moment est venu pour moi de décider ou non de devenir mère, cela a été un choix personnel pour une décision de couple.

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  9. J'ai beaucoup lu sur le sujet et bien que n'étant pas psy, je suis absolument d'accord avec ce que tu as entendu. Même si certaines ramifications psychologiques me semblent plus complexes que cela...
    Après l'échec de notre deuxième FIv, j'ai demandé à ma mère et à ma belle mère de nous écrire et de nous décrire la manière dont elles avaient vécu leurs grossesses, quels étaient leurs contextes d'alors. Toutes les 2 nous écrit de magnifiques lettres, très émouvantes, faisant aussi le lien avec leurs propres mères. J'ai découvert que tout cela n'était qu'un bout du chemin vers moi.
    Aujourd'hui pourtant, malgré ce désir, je ne suis toujours pas maman...

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  10. Je ne peux pas te répondre, j'ai eu cette chance d'avoir choisi la venue de mes enfants.
    Ma mère ne m'a pas passé le flambeau, elle n'est pas ce que nous appelons une mère, c'était plus une épouse, une contre je comprends ce que tu vis, ce que vous vivez
    Je t'embrasse

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