mercredi 28 novembre 2018

Le jour où je dois accepter la coupure avec mon travail

Quand j'ai découvert ma grossesse, un de mes premiers réflexes fut de regarder la date de mon départ en congé maternité : 24/12/18. Génial, me suis-je dit ! Je vais pouvoir profiter calmement des dernières fêtes de Noël sans enfant ... Déterminée à partir le 24 décembre, et pas avant, j'ai continué à travailler avec passion et conscience professionnelle, comme à mon habitude. 
J'ai même accueilli, en binôme, une stagiaire assistante sociale 3ème année, en me souciant de lui trouver une de mes collègues d'accord pour terminer le tutorat sur environ 5 à 6 semaines ... Tout était calé. 
La routine professionnelle ... des rendez-vous, des rencontres, de nouveaux patients, des réunions internes, des réunions extérieures, des projets ... Je me suis rapidement aperçue, tout en faisant l'autruche, que je continuais à vivre ma vie professionnelle comme si de rien n'était. Un peu comme si j'occultais que quelque chose d'énorme était en train de se produire : je suis en train de devenir mère. 
J'ai voulu tout affronter en même temps, ne lâchant rien. Je me suis levée des matins, la tête en vrac, le dos en compote, mais je finissais toujours par arriver au travail ... Malgré mes vomissements intenses de début de grossesse (qui ont quand même duré quasiment 14/15 semaines), je n'ai pas manqué un seul jour de travail. 
Mes vacances n'ont pas été reposantes car j'ai eu 1 semaine en été pour partir à New York ... Autant vous dire que je suis revenue complètement décalquée ... et en octobre, 2 semaines pour partir au Québec. Pas vraiment de temps de pause, dans le sens "off", je ne fais plus rien si ce n'est glander dans mon canapé. 
En même temps, j'estime avoir une grossesse, à ce jour, idéal, malgré les différents maux que j'ai pu connaître. Je me sens épanouie. Je ne voyais donc pas l'intérêt de m'arrêter. 
Sauf qu'avec le métier que je fais - assistante sociale au sein du dispositif de permanence d'accès aux soins de santé généraliste  et obstétrique - j'ai du finir par reconnaître, il y a quelques semaines, que j'étais psychiquement à bout, en plus d'être en manque de fer et d'avoir une tension assez basse. 



J'ai donc cédé à un premier arrêt, très court, d'une semaine, qui m'a permis de me reposer et surtout de m'ennuyer ... J'ai donc repris le travail, pleine d'entrain et de motivation. Même si je savais que je serai sûrement arrêtée en congés pathologiques, je me fixais encore un bon mois et demi de travail. De quoi terminer certains accompagnements, de mettre à jour mes dossiers, mon organisation, d'assister à des réunions qui me tenaient à coeur, de passer le relais pour ma stagiaire, et de former ma remplaçante à mon poste. 
Sauf que rien ne s'est passé comme je le voulais. De la motivation, j'en ai eu ... Mais j'ai surtout accumulé beaucoup de fatigue, la faute aux 9h d'heures supplémentaires faites en une semaine de boulot, alors que je suis sensée finir 30 minutes plus tôt chaque jour du fait de ma grossesse ... Je me suis épuisée en m'investissant énormément dans l'accompagnement de ma stagiaire en difficultés, culpabilisant de la "lâcher" en cours de stage même si je savais qu'elle serait entre de très bonnes mains avec mon autre collègue, et que la collègue qui prend le relais est top également. Conscience pro ...
Mais le coup de grâce a été de constater que je n'avais toujours pas de remplaçante. Qu'à un moment donné, il a même été question que le dispositif s'arrête de fonctionner durant mon absence - qui va juste durer 9 mois - ce qui est inconcevable pour moi car il s'agit d'un dispositif indispensable et surtout soutenu par l'Etat ! Que j'ai vu tout mon travail sur ce poste depuis un an s'effondrer si jamais je n'étais pas remplacée, ou "mal" ... Que je me suis dis que je tenais depuis des semaines dans l'espoir d'être en binôme avec ma remplaçante, le temps de lui expliquer le fonctionnement du poste ... et que ça ne servait à rien, que je pouvais toujours l'attendre et donc ne jamais partir en congé maternité ... C'est là que mon corps a craqué. 
Dos bloqué, tension basse, réserve de fer toujours faible ... Le médecin m'a donc arrêtée 3 semaines, jusqu'à la date de mon congé pathologique ... J'ai hésité. Tellement. Non, non, une semaine, ça suffira ... mais finalement, j'ai écouté ce qu'il m'a dit ... j'ai repensé à cette grossesse tellement précieuse et j'ai dit ok. 

Photo jour J de ma 31ème SA. 


Sauf que je suis partie comme une "voleuse" ... sans préparer ma relève. J'ai un goût d'inachevé ... Je rêve du boulot quasiment toutes les nuits. Je pense à mes patientes dans les situations sont complexes et donc loin d'être résolues, tous les jours. Je culpabilise vis à vis des collègues. J'ai envie de pleurer quand je pense aux réunions auxquelles je ne vais pas assister. Je me sens exclue de mon travail, et c'est dur pour moi. J'ai du mal à lâcher prise, car j'aime être dans la maîtrise professionnelle. 
Pour faire face à cela, j'essaye de m'occuper un maximum ... En préparant la chambre de bébé, en me noyant dans la rediffusion de séries vieilles comme le monde, en invitant des copines à me voir ... Mais souvent, le travail revient dans un coin de ma tête. 
Ma sage-femme a beau me dire d'arrêter de culpabiliser d'être arrêtée à 31 semaines. Mon ostéopathe a beau me dire que maintenant, c'est à moi de me faire chouchouter et d'arrêter de m'occuper des autres. La laborantine du labo d'analyses médicales a beau me dire d'arrêter de checker mes mails professionnels. C'est plus fort que moi. 
Et le comble dans tout ça, c'est que si ça se trouve, en septembre 2019, quand viendra l'heure de retourner tous les jours au travail ... je vais traîner des pieds, pleurer et ne pas vouloir y aller ... 
Pas facile d'être une mère et une working-woman ! 

Et toi, tu as été arrêté à quel moment de ta grossesse ? Comment as-tu vécu la coupure avec le milieu professionnel ?

15 commentaires:

  1. Il y a des métiers plus durs que d'autres à mettre de côté. Or, chez toi, ce n'est pas un métier, c'est une vocation. Aider les autres, c'est un véritable moteur dans ta vie. Alors, certes, passer à autre chose, même si tu as terriblement envie d'entrer dans cette nouvelle phase de ta vie, ça doit être terriblement difficile. Je compatis et plutôt que de t'envoyer un énième conseils ou encouragement pour te dire de lâcher prise, je vais me contenter de te souhaiter bon courage et te d'envoyer plein, plein d'ondes positives.
    je te souhaite de parvenir prochainement à tourner la page afin d'entamer le plus sereinement possible le prochain chapitre de ta vie.

    bisous, calins.

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  2. Moi, je n'ai pas eu à vivre une telle coupure. Les circonstances ont fait que je suis passé de femme au foyer à mère au foyer... ;).

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  3. Pour mon premier, j'ai dû stopper en aout, après mes congés d'été... impossible de reprendre tant j'avais des contractions et surtout, une tension hyper basse. J'ai donc été arrêtée deux semaines avant le congé pathologique. Et j'ai bien fait car il est arrivé avec 24 jours d'avance. Tout fini, à plus de trois kilos, mais quand même! Pour Elven, j'ai été arrêtée deux semaines avant le congé mat, donc au moment du congé pathologique. J'étais en forme, mais le médecin craignait que je n'arrive pas au bout à cause de la route et des RDV clients... Elven est né le jour J! Et pour Lohan, j'étais en congé parental, donc... :-)

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  4. Pour mes 2 grossesses, j'ai été arrêtée un peu plus tôt. Les 2 fois, j'étais en CDD donc cela signifiait que je n'y retournerais plus ensuite. Toi au moins tu sais que tu y retourneras ! ;-) Pour Quentin, je ne m'y attendais pas et j'ai fondu en larmes d'abandonner mon poste, mes collègues, etc... Pour Théo, je saturais de ce boulot donc j'attendais avec impatience de l'arrêter, j'ai accueilli l'arrêt du gynéco avec une immense joie ! :-)
    Ne t'inquiète pas, t'y retourneras au boulot ! Une pause ça fait vraiment du bien !!

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  5. Des contractions pour N°1, arrêt en urgence, 3 mois allongée …
    Contractions très tôt dans la grossesse pour N°2 + classe pas top du tout = congé maladie + patho + maternité + … congé parental
    Congé mat pendant les vacances pour N°3, donc remplacement prévu.
    Chute + entorse pour N°4, donc arrêt maladie pas prévu, congé patho, congé mat …
    Chaque grossesse est différente, seule constante, il faut accepter de se reposer !! Profite bien !!

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  6. Une pause ça fait du bien ! Repose toi bien !
    Je repasserais sur ton blog avec plaisir j'aime bcp ton univers.
    A bientôt, Marie
    www.bonjoourmarie.com

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  7. Profite bien de cette douce période et laisse la culpabilité derrière la porte.Ton petit bébé se développera encore mieux et sera ravie d'avoir une maman en forme!

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  8. J ai été arrêtée 15jrs après la rentree de septembre pr J. Je l ai mal vecu + parce que j etais hyper angoissée que parce que je laissais mes classes. Pr A. Ca a été soudain, tt allaitbien et puis au cours du 5eme mois d un cp un jr (lejr des 2 ansde J.!!!) au collège des saignements, les urgences et l arrêt ... J ai mis une quinzaine de jrs à lâcher prise. J ai réussi à me raisonner en me disant que personnen est indispensable. En me disantsurtt que le + important etait mon bébé (alors mm que j adore aussi mon boulot et que je laissais mes élèves "en plan" sans remplaçante) et que ces mmts de tête à tete avec soi même et avec bébé sont tres précieux ds la vie d une femme. Le tps n a plus la même dimension lorsque les enfants st là. Avec le recul j me dis que je suis contente d avoir réussi à profiter de ces mmts loindu travail. Ce fut l occasion de me recentrer sur moi même et de faire la transition vers le changement de priorité (avant bébé :boulot treeeees important/après :il l est encore, msmes filles passent avant)..... Je te souhaite d arriver à lacher prise vite et à reussir à profiter des ces mmts de calme et douceur precieux ds la vie d une femme. Gros bisous marine

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  9. J’ai été arrêtée à 28 SA pour le premier et 24 pour le second (team préma)... alors pour le premier j’etais comme toi consternée mais finalement depuis j’ai compris que le travail pouvait se passer de moi, pas mes tout petits bébés ;) . Prend soin de toi !

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  10. Vous avez fait votre part et vous n'usurpez pas votre droit à être arrêtée. Si on décide que votre poste doit être supprimé le temps de votre arrêt, ce n'est pas votre faute, mais celle de ceux qui sont les décideurs. Hélas, c'est bien triste. Et si vous, vous tentez d'être parfaite, de tout faire au mieux, d'être attentive au monde qui vous entoure, sachez que ce n'est pas le cas dans le monde du travail en particulier, et du monde en général. Maintenant, il faut prendre soin de vous, car ainsi vous prenez soin de votre bébé, de son père aussi.
    J'aurais bien voulu vous écrire plus longuement en privé, mais je n'ai pas votre adresse mail.
    Bonne journée. Bon repos.

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  11. Une très belle année à vous 2... puis 3 !
    Bises

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  12. Longtemps que je n'ai pas commenté ici pourtant c'est avec grand plaisir que j'ai appris ta grossesse. Je vous souhaite une très bonne année 2019 toute à la joie de ce grand bonheur qui va bientôt vous combler. Je vous embrasse.

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  13. Hooo quelle surprise et bonheur de redécouvrir ton blog. Je ne sais pas combien de temps ça fait mais ça fait très longtemps qu’on s’est perdue de vue. Je suis super contente de voir que tout va bien pour toi, félicitations pour ta grossesse.
    Delphine-Emma dans sa bulle

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  14. tu as une conscience professionnelle et c'est rare, tout le monde n'est pas comme toi, c'est que tu fais bien ton travail et que tu l'aime!
    Tu verras, tout ne se passera plus toujours comme tu le voudras avec bébé, là tu as eu un petit aperçu.... et je pense aussi qu'en septembre prochain tu vas traîner des pieds au début, car tu auras eu une longue coupure et cela sera peut-être aussi difficile de laisser bébé, ou alors pas du tout !!
    Moi j'étais en cdd à l'époque de ma première grossesse,dans l'education nationale... J'ai décidé de ne pas resigner à la nouvelle rentrée, mon congé maternité arrivant quelques semaines après... J'ai enchaîné aussi avec un congé parental mais qui était plus court que toi il me semble.... Mais je n'avais pas de poste où je me sentais épanouie, donc moi aucun scrupule à ne plus y aller... Et au final je n'ai jamais repris le chemin du travail, en commun accord avec mon époux... Et puis je suis tombée enceinte très vite encore après... J'ai eu droit à nouveau à un congé parental et plus long... Je ne m'y attendais pas, je ne savais pas que le chômage te permettait aussi d'y accéder après... Quelque chose me dit que toi aussi tu vas enchainer avec un second bébé lol, d'ailleurs tu me l'as dit que ton horoscope te prévoit une grossesse pile poil quand tu dois reprendre lol

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  15. J'ai été arrêté à 32 semaines. Et comme toi, je voulais tenir jusqu'à mon congé ... Mais le stress du boulot, la gestion d'équipes compliqués m'a tout sabotée. Je suis partie comme une voleuse alors que je ne m'y attendais pas du tout après un rdv mensuel avec ma sage-femme. Les 2 premières semaines ont été compliquée, je n'ai pas réussi à couper ... Et puis je me suis laissée aller dans l'été ... Et c'est passé tellement vite ensuite.

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