mercredi 27 septembre 2017

Le jour où je parle de boulot et de PMA

Quand on a poussé les portes de la PMA il y a un peu plus de 2 ans, je ne m'imaginais pas l'impact que cela aurait au niveau de ma vie professionnelle. J'étais bien loin de mesurer les conséquences que ce parcours, ce combat pour devenir mère allait venir s'entrechoquer dans mon travail.



Le temps.

Naïvement, je pensais que j'allais voir le gynéco de PMA sur des RDV planifiés, après le travail. Quelle ne fut pas ma surprise en comprenant le fonctionnement du centre : échographies d'ovulation uniquement les matins, entre 8h et 9h, sans RDV, par ordre d'arrivée. Heureusement pour moi, la clinique est sur la route du travail. Mais même en arrivant le plus tôt possible (avant 7H30), je n'ai jamais pu arriver au travail à l'heure les matins de contrôle. J'ai la chance d'être autonome dans mes horaires mais j'imagine que ça peut être très gênant pour certaines femmes en fonction de leurs métiers.

La dernière minute.

Avec la PMA, peu de choses se planifient puisque tout se fait en fonction de ton cycle anarchique qui n'en fait qu'à sa tête, et de la réussite des traitements. Il est donc rare de pouvoir dire quel jour tu seras absentes pour ta ponction, pour ton transfert ... Là aussi, j'ai la chance d'avoir un métier qui me permet de poser des heures ou des RTT à la dernière minute.

L'affaire tous.

Tout ceci implique donc qu'il est très difficile de garder secret son parcours de PMA au travail. Du moins, pour moi. Difficile d'expliquer, sans mentir, à ses collègues, pourquoi nous arrivons en retard, pourquoi nous filons entre 11h et 11h30 le temps d'une insémination, ou encore de prévoir ton arrêt maladie suite à une ponction sans leur dire pourquoi tu passes sur le billard. Je parle facilement de mon parcours, et je suis suffisamment proche et en confiance avec mes collègues pour les mettre dans la confidence, toutefois, je me mets à la place des femmes pour qui ça ne serait pas le cas ...
Ce qui a pu le plus me peser, c'est que forcément, étant donné que tes collègues sont au courant de tout, il est difficile de garder son jardin secret. Forcément, quand tu es absente une semaine pour ta ponction, tu peux être certaine que le jour J de la fameuse prise de sang, tu as 5 collègues qui passent te faire un coucou le matin même, histoire de savoir ... Oui, j'avoue, mes collègues ont donc appris mes grossesses avant même mes meilleures amies ...

Les arrêts de travail.

Entre les ponctions, le temps de récupération après l'anesthésie, et aussi le temps de la couvade, que tout se mette en place et nous rassure ... les arrêts peuvent se suivre et se ressembler. Si à cela tu ajoutes le fait que tu bosses à 70 km de ton boulot, tu es très vite arrêtée au moindre petit souci. Ainsi, cette année, j'ai été arrêtée en tout 8 semaines. C'est énorme et ça peut vite destabiliser au niveau de ton organisation professionnelle. J'ai beau avoir de supers collègues, on ne peut s'empêcher de culpabiliser d'être à la maison quand elles se fatiguent à te remplacer !

La fatigue.

Les traitements, les divers examens et rdv ... tout ça fatigue et impacte aussi sur notre concentration au travail. Même si bosser nous permet de ne pas focaliser sur nos essais infructueux, parfois, les weekends ne suffisent pas pour nous reposer et on accumule une fatigue professionnelle.

Bilan ...

La PMA est omniprésente sur mon lieu de travail et c'est parfois difficile à gérer. Je reconnais avoir beaucoup de chance d'être dans un contexte privilégié et protégé, notamment grâce à mes collègues bienveillantes.
Je n'ai pas averti mes supérieurs, si ce n'est ma cadre, au moment de mes fausses couches. J'ai réussi à tout concilier sans lui en parler jusque là.
La loi prévoit des aménagements d'horaires pour les couples en PMA. Je n'ai pas eu besoin de m'en saisir, je ne sais donc pas comment cela s'applique réellement. Tout ce que j'espère c'est que cela peut se mettre en place pour les femmes qui n'ont pas autant d'autonomie sur leur poste.

Si des lectrices qui ont ou ont eu un parcours de PMA me lisent, je serai curieuse de savoir comment vous avez réussi à jongler avec le boulot et les contraintes de la PMA ...


17 commentaires:

  1. c'est vrai que cela ne doit pas être aussi simple!
    moi je ne suis pas allée aussi loin en pma, mais j'ai connu aussi les rdv pris au jour le jour selon le cycle, et je ne sais par quelle miracle je n'avais râter aucun jour de boulot, mais j'étais à mi temps, cela a donc aidé je pense à ne pas avoir d absence, les jours tombant dans mes repos
    je ne savais pas qu'il existait une loi, tu me l'apprends! en voilà au moins une bonne chose!

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    1. cette loi est malheureusement peu connue et donc peu exploitée par les couples en PMA

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  2. Ma chef était forcément au courant car j arrivais forcément en retard le matin..... Le centre pma étant à l opposé de mon boulot et séparés de 55km....Et ma gynécologue m avait fait un certificat médical... J ne vois pas comment faire autrement..... Bon courage Marine. Bisous

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    1. Oui c'est vraiment galère tout ça ! Là, avec mon nouveau poste, ça va faire un peu pareil ... On verra (en même temps, il nous reste un TEC ... c'est moins contraignant)

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  3. Et après, tes proches vont te dire : "Mais tu y penses trop !" ^^'
    Ce qui me trouble le plus, finalement, c'est que rien n'est fait pour que ce parcours pourtant extrêmement personnel reste le plus discret possible. Les femmes n'ont finalement pas le choix, à moins de faire le choix de cesser de travailler. Ce qui est terriblement injuste. Certaines femmes doivent terriblement mal le vivre.

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    1. Tu as parfaitement bien résumé le truc !!! Quand tu es en PMA, ta vie devient publique et tu dois te débrouiller comme tu peux pour tout concilier !

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  4. je suis impressionnée par les embûches du parcours
    heureusement que tu es bien entourée

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    1. Quand on parle de parcours (du combattant) ... c'est pas exagéré !

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  5. J'ai eu beaucoup de chance pour ma part. Mon centre était ouvert dès 7h et sur rdv. Du coup je suis toujours passé avant 7h30 et je n'ai été en retard qu'une fois ce qui n'est pas choquant. Pour la ponction j'avais dit que je devais faire une intervention médicale avec pour seule précision "un truc de filles". Quand on a que des collègues masculins ça marche 😉 forcement n'ayant eu ça qu'une fois c'est passé tout seul. J'imagine que quand c'est la deuxième ou troisième fois les questions commencent par arriver... Ce n'est pas évident à gérer discrètement c'est certain.

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    1. Oui, moi aussi, au début, j'ai réussi à tenir le secret. Mais très vite, ça devient impossible ou alors il faut mentir !

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  6. Pour moi ça a été difficile de concilier les deux dès le début, le centre de PMA m'ayant refusé le 100% de la sécu, je n'avais rien pour bénéficier de la loi qui autorise à prendre sur ses heures de travail. Du coup je m'arrangeais, je changeai mes horaires avec une collègue les jours où je devais y aller le matin, et j'arrivais à planifier ça 10 jours à l'avance car mon centre de PMA ne me contrôlait qu'à J10...
    Quand j'ai parlé de mon parcours à la chef, elle m'a dit ok mais faudra rattraper tes heures en cas d'absence ou de retard...

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    1. Le vrai parcours du combattant ! j'espère que ça ira mieux par la suite ma belle :)

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  7. Pour moi ça a été difficile de concilier les deux dès le début, le centre de PMA m'ayant refusé le 100% de la sécu, je n'avais rien pour bénéficier de la loi qui autorise à prendre sur ses heures de travail. Du coup je m'arrangeais, je changeai mes horaires avec une collègue les jours où je devais y aller le matin, et j'arrivais à planifier ça 10 jours à l'avance car mon centre de PMA ne me contrôlait qu'à J10...
    Quand j'ai parlé de mon parcours à la chef, elle m'a dit ok mais faudra rattraper tes heures en cas d'absence ou de retard...

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  8. C'est un article vraiment intéressant. On n'imagine pas du tout tout ce que ça engendre... C'est quand même incroyable que les rv ne puissent pas être fixés le soir! Effectivement, cela doit vraiment être très difficile voire impossible à vivre pour certaines femmes qui ne peuvent pas "jongler" avec leurs horaires. C'est triste.

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    1. Cela dépend beaucoup des centres en fait. Mais la plupart fonctionnent pareil. Après, je pense que si on insiste, on peut prendre un rdv programmé en fin de journée mais de façon exceptionnelle. Bref, c'est vraiment difficile à vivre !

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  9. Bonjour, Je viens de découvrir ton blog sur Hellocoton. J'ai également un blog qui parle d'adoption (http://lubiesrousses.com/)et je cherchais des blogs au contenu similaire pour pouvoir échanger sur le parcours de l'adoption. Je laisse un commentaire ici car pour moi, PMA et travail ont été compliqués à gérer et j'ai fait face à une pseudo-bienveillance de ma hiérarchie parce que bon, on comprend, mais tu es absente en fait... J'ai aussi été contrainte de dire à mes collègues que j'avais un ennui de santé : on m'a demandé de le faire car certaines collègues commençaient à critiquer sur mes heures d'arrivée tardives au bureau. Critiques que mon N+1, qui était au courant, a écouté sans broncher depuis son bureau... j'ai fait 7 FIV (dont plusieurs sans transfert), pour les dernières je n'ai rien dit à ma hiérarchie mais cela suppose une reprise rapide après la ponction (le lendemain) et un stress supplémentaire entre la ponction et le transfert pour pouvoir trouver une excuse et se libérer le jour du transfert. Et puis, au moment de l'annonce du résultat, il faut gérer ça aussi : vous pouvez avoir une réunion importante à ce moment-là, un collègue pas sympa ce jour-là, etc. Double peine sinon quand j'ai souhaité me projeter et changer de travail : c'est quoi vos projets ? Ben oui, vous êtes en couple, vous avez 35 ans et vous n'avez pas d'enfants ! Voilà pour ma triste expérience et pour moi, cela a duré 4 ans.

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    1. Je suis contente que tu sois arrivée ici :) j'irai découvrir ton blog dans la foulée !
      Je vois que pour toi aussi ça a été la galère. Je suis en train de changer de travail actuellement (mutation) et je redoute beaucoup ce changement car il va falloir repartir de zéro ... Je trouve le parcours en adoption beaucoup plus simple à concilier avec un emploi ...

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